Journal de l'économie

Envoyer à un ami
Version imprimable

Eos Venture : quand l’equity-crowdfunding montre les muscles





Le 23 Juin 2015, par La Rédaction

La nouvelle aurait pu passer inaperçue, si elle n’était pas un premier pavé lancé dans la mare de la planète equity. En avril dernier en effet, EOS Venture est devenu le premier opérateur de crowdfunding à obtenir l’agrément de Prestataire en Services d’Investissement (PSI) ; en d’autres termes, à pouvoir organiser des levées de fonds supérieures à un million d’euros dans toute la zone euro. C’est d’ailleurs ce qu’il s’évertue déjà à faire directement via sa plateforme Letitseed, comme en marque blanche. Rencontre avec le Président et cofondateur d’EOS Venture, Stéphane Lubiarz.


Stéphane Lubiarz, Président d' EOS Venture
Stéphane Lubiarz, Président d' EOS Venture

Le crowdequity est un pari audacieux. Quel a été le déclencheur de votre projet ?

Après un parcours professionnel au sein de grands groupes tels que Nortel, j’ai créé IT Angel, IT capital, et j’ai rapidement souhaité me lancer dans l’aventure du crowdfunding en actions. Celui-ci m’est apparu très tôt comme un challenge stimulant, car vecteur d’intérêt général. En effet, le financement participatif concilie investissement financier et soutien de projets.

EOS Venture est ainsi née en 2012 d’une double conviction : d’une part, il fallait trouver des moyens alternatifs de soutien financier aux PME, moteurs de la croissance hexagonale. D’autre part, il fallait offrir aux épargnants de nouvelles solutions de placements. Il manquait en revanche un trait d’union entre ces deux univers, et EOS Venture – à travers le crowdfunding – entend incarner ce trait d’union.

On définit parfois l’equity-crowdfunding comme une évolution naturelle des FCPI et des FIP, ou une alternative aux solutions d’épargne traditionnelles. Vis-à-vis des épargnants, quelle est donc votre proposition de valeur ?

Le crowdfunding permet avant tout à l’investisseur de reprendre le contrôle des orientations qu’il souhaite donner à son patrimoine. Grâce au crowdfunding, l’investisseur choisit la PME dans laquelle il souhaite investir : choix du secteur, de la région, ou simplement parce que le projet lui semble prometteur. Ceci n’est pas possible avec les solutions traditionnelles.

L’agrément PSI (Ndlr : « Prestataire en services d’investissement ») faisait-il partie de votre stratégie, initialement ?

En effet, nous avons immédiatement demandé le statut de PSI. Aujourd’hui, deux statuts existent pour le crowdfunding en actions. Les CIP, qui organisent des levées de fonds inférieures à 1 million d’euros ou destinées à moins de 150 investisseurs, et les PSI dont les prérogatives sont bien supérieures.
 
Même si le statut de PSI est long à obtenir, il confère plus de liberté, et rend notamment possible toute forme de communication autour des projets de levée de fonds. Il nous aura fallu 23 mois pour obtenir l’agrément mais nous sommes aujourd’hui la seule entreprise, sur le segment du crowdfunding en actions, à avoir ce statut. En d’autres termes, nous sommes les seuls à pouvoir réaliser une levée de fonds sans montant maximal, ce qui n’est pas le cas avec un statut de CIP (Ndlr : « Conseiller en investissement participatif »). 

Le cadre réglementaire qui régit les activités de crowdfunding est-il suffisamment sécurisant pour les investisseurs ?

Être PSI, c’est avant tout montrer « patte blanche » au régulateur, monter un réel projet de société dès le départ et se soumettre à des règles draconiennes. Cela permet de lever de multiples barrières. EOS Venture a choisi d’être PSI pour pouvoir développer le crowdfunding et contribuer en outre à insuffler les bonnes pratiques financières dans le métier.

En effet, tous les CIP n’ont pas la même éthique du métier et certains s’arrogent des libertés inquiétantes : non-respect des limites fixées par la loi, méconnaissance des méthodes de valorisation d’entreprise, sous-capitalisation…

Chez EOS Venture, nous sélectionnons des sites de crowdfunding en tant qu’agents, et travaillons ensuite en partenariat avec eux. Nous nous assurons de leurs bonnes pratiques, réalisons nous-même les services financiers, leur permettant ainsi de se positionner sur des levées de fonds importantes. 

Vous avez créé une plateforme dédiée aux levées de fonds, Letitseed. Très concrètement, pour un particulier qui souhaite investir dans un projet, comment ça marche ?

C’est très simple : l’investisseur découvre les projets de levées de fonds présentés sur Letitseed.com. S’il souhaite investir, il remplit un formulaire que nous validons. C’est un peu comme s’il ouvrait un compte en banque. Cette démarche préalable nous permet simplement de nous assurer qu’il a bien pris en compte les risques liés à un investissement en actions d’entreprises non cotées et qu’il n’investit pas au-dessus de ses moyens. Il nous envoie un RIB, justificatif de domicile et pièce d’identité. Dès que son dossier est validé, il peut investir. 

Quel est le ticket d’entrée pour devenir « actionnaire » via Letitseed ?

Pour démocratiser l’investissement, nous proposons des tickets d’entrées très abordables car le montant minimum d’investissement est de 50€. Nous préconisons aux investisseurs de diversifier leurs placements : plutôt que d’investir 5 000 € sur un projet, nous leur conseillons d’investir 500 € sur 10 projets différents. En participant à ces projets, et si la levée de fonds se réalise, les investisseurs peuvent déduire 18% du montant de leur investissement sur leur impôt sur le revenu, et 50% sur leur ISF. Avec ce modèle, tout le monde est gagnant.

Vous proposez en B2B, à travers le statut d’ALPSI (statut « d’agent lié »), la mise en place de sites de crowdfunding en marque blanche. Pouvez-vous nous en dire davantage ?

Effectivement EOS Venture a deux activités distinctes : LETITSEED, sa plateforme de crowdfunding en equity, qui met en relation des PME en croissance avec des investisseurs, et notre activité de marque blanche. Pour cette seconde activité, nous mettons notre agrément de PSI au service d’autres sites de crowdfunding (qui veulent faire des levées de fonds supérieures à 1 million d’euros) ou à des entreprises qui veulent réaliser leur levée de fonds en leur nom. Nos clients deviennent donc ALPSI (agents liés de prestataire de service d’investissement). Nous mettons à leur disposition notre ERP (logiciel de gestion et traitement des données financière). Cet outil est très puissant : il peut gérer plus de 2500 transactions par heure. Par ailleurs, nos clients nous confient la gestion des données de back office.

EOS Venture gère pour eux toutes les opérations règlementaires (réalisation des documents - notamment du prospectus AMF -, traitement des procédures légales comme la lutte anti-blanchiment, connaissance client…), mais aussi le cantonnement des fonds (gestion des flux monétaires) et bien entendu la validation des bulletins de souscription. Ainsi, ils se concentrent sur le marketing et la communication de leur projet. En quelque sorte, nous sommes un broker de crowdfunding !

A travers le financement participatif, l’opinion publique semble avoir trouvé un nouveau mode d’expression. Le crowdfunding est-il, selon-vous, de nature changer le visage du capitalisme ?

En effet, le crowdfunding est dans l’ère du temps, même si la 1ere opération de crowdfunding remonte à octobre 1875 avec la souscription pour la fabrication de la Statue de la Liberté !

Nous sommes dans un monde qui évolue très vite grâce aux nouvelles technologies. En quelques clics, à tout moment, une personne peut participer à l’aventure d’une PME depuis son canapé. Aujourd’hui, n’importe qui peut devenir actionnaire d’une entreprise et se constituer un portefeuille d’actions quand il le souhaite ! Aurait-on pu imaginer cela il y a 20 ans à peine ? 

Il se murmure, ci et là, qu’Eos Venture prépare de nouveaux coups d’éclat. Qu’êtes-vous en mesure de nous confier, au sujet de vos projets de financement futurs ou immédiats ?

Nous soutenons actuellement la campagne « rachetons TÊTU » : si chaque lecteur de ce magazine investit 50€ via l’opération de crowdfunding, le titre pourra continuer d’exister. Brice Fogliami, qui a monté cette opération, est actuellement en phase de collecte de signatures. Un dossier sera déposé au tribunal le 26 juin s’il en obtient un nombre suffisant. Nous avons proposé d’accueillir cette levée de fonds sur notre plateforme Letitseed et nous en ferons la promotion auprès de notre communauté d’investisseurs, qui sera certainement sensible à cette démarche originale.
 

(2) RachetonsTêtu.fr  


 




Nouveau commentaire :
Twitter

Le JDE promeut la liberté d'expression, dans le respect des personnes et des opinions. La rédaction du JDE se réserve le droit de supprimer, sans préavis, tout commentaire à caractère insultant, diffamatoire, péremptoire, ou commercial.

France | International | Mémoire des familles, généalogie, héraldique | Entreprises | Management | Lifestyle | Blogs de la rédaction | Divers | Native Advertising | Juris | Art & Culture | Prospective | Immobilier, Achats et Ethique des affaires | Intelligence et sécurité économique - "Les carnets de Vauban"



Les entretiens du JDE

Tarek El Kahodi, président de l'ONG LIFE : "L’environnement est un sujet humanitaire quand on parle d’accès à l’eau" (2/2)

Tarek El Kahodi, président de l'ONG LIFE : "Il faut savoir prendre de la hauteur pour être réellement efficace dans des situations d’urgence" (1/2)

Jean-Marie Baron : "Le fils du Gouverneur"

Les irrégularisables

Les régularisables

Aude de Kerros : "L'Art caché enfin dévoilé"

Robert Salmon : « Voyages insolites en contrées spirituelles »

Antoine Arjakovsky : "Pour sortir de la guerre"











Rss
Twitter
Facebook