Patrick Klaousen vient de publier : Une mesure protectionniste, l’Affaire du dédouanement des magnétoscopes à Poitiers, éditions VA Press (14,90 €). Nous sommes en 1982. La France connaît dans les mois qui suivent l’installation du premier gouvernement Maurois les affres d’un déficit commercial abyssal. Au moment où est prise la décision de centraliser le dédouanement de tous les magnétoscopes importés en France au Centre Régional des Douanes de Poitiers, Laurent Fabius est ministre du budget et Michel Jobert ministre d’État chargé du commerce extérieur. Ce livre raconte comment les deux hommes sont à l’origine de l’adoption pour le premier et de l’exploitation diplomatique pour le second, d’une mesure protectionniste qui en son temps a eu un important retentissement médiatique et diplomatique. Tour à tour « cas pratique », essai de science administrative et histoire du temps présent, l’auteur procède au décryptage d’une mesure protectionniste au retentissement national, européen et international.
Si en 2017 la Chine a remplacé le Japon dans les préoccupations des européens, les mêmes causes produisent les mêmes effets : la déconcertante passivité de la Politique commerciale commune de l’Union européenne face au dumping chinois dans des secteurs tels que celui de la fabrication des panneaux photovoltaïques conserve à l’Affaire de Poitiers une étonnante actualité. À la recherche d’une voie médiane entre le tout libéral et un protectionnisme de principe, l’Affaire de Poitiers montre comment Michel Jobert instrumentalise une mesure protectionniste pour en faire un outil diplomatique au service de sa politique, en adoptant une attitude dissonante, voire transgressive à l’égard des dogmes du libre échange, afin de faire pression sur nos partenaires européens pour qu’ils cessent de jouer les uns contre les autres dans le cadre de stratégies industrielles à courte vue. S’il faut en passer par là pour amener les européens à se ressaisir, alors : « Oui au protectionnisme ! »
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