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Stéphane Salord : le Crédit Coopératif Paca, une illustration du concept d'ESS en région





Le 22 Juillet 2014, par La Rédaction


Les banques coopératives sont souvent citées en exemple pour leur modèle de gestion du risque et leur résilience dans la crise. Comment ont-elles accueilli la réforme de Bâle III ?

Nous avons accueilli la réforme Bâle 3 d’autant mieux qu’elle n’a pas nécessité d’ajustements majeurs de notre modèle financier. Les conséquences de cette réglementation ont également été faibles du fait de notre mode d’engagement peu ouvert à l’international.

Etant de plus dans les trois premières banques françaises les moins chères et les plus transparentes (et cette année, classée première banque française la plus transparente à l’international !), nous n’avons pas ressenti Bâle 3 comme une contrainte. La principale exigence de Bâle 3, nous la pratiquons depuis longtemps : n’engager à long terme que les ressources dont nous disposons en dépôt à long terme, cela pour renforcer simplement notre image de banque responsable qui s’engage dans la durée. La fidélité de notre clientèle dans le temps nous facilite grandement les choses de ce point de vue : certains de nos sociétaires restent au Crédit Coopératif toute leur vie, de même que beaucoup d’institutions et d’entreprises.

L’origine du groupe Crédit Coopératif remonte à 1893 et son histoire a été jalonnée de fusions et acquisitions, jusqu’à devenir une maison-mère de BPCE en 2009. Doit-on y voir une dilution ou, au contraire, une affirmation de son identité ?

Le terme de maison-mère me semble tout à fait pertinent nous concernant. Les liens entre le Crédit Coopératif et BPCE sont bien ceux-là : le crédit Coopératif possède 1% du capital de BPCE. C’est symbolique mais cela illustre le sens de la relation : nous sommes partiellement propriétaire de BPCE.

Mais lorsque l’on reprend depuis 1893 l’histoire complexe du Crédit Coopératif, jusqu’à devenir aujourd’hui une banque nationale unitaire dans son mode de gestion, on se rend bien compte que la philosophie est restée la même. Cette centaine d’années d’existence est donc l’histoire de regroupements de caisses de financement, de solidarité, de petites banques locales vouées à s’affaiblir ou à disparaître sur des places financières mondialisées.

Le fait de devenir actionnaire de BPCE nous a permis d’une côté un accès à des produits financiers, et donc à des fonds, sur les marchés. De l’autre côté, le regroupement d’établissements de taille souvent régionale nous permet d’exister comme banque nationale. Je pense que l’ensemble est le résultat d’une bonne dynamique et l’affirmation dans le temps de nos valeurs et de nos pratiques.

Il est évident que pour en arriver là, nous sommes passés par des changements, des ajustements ou des modernisations, dans un contexte d’internationalisation des normes bancaires. Mais notre philosophie ne change pas, elle : nous restons la banque de l’utilité sociale.

Le groupe s’apprête à mettre en œuvre son nouveau projet d’entreprise 2015-2019, « tous coopérateurs, tous banquiers ». Quels sont les changements stratégiques ou organisationnels escomptés dans les prochaines années ?

Ce nouveau modèle de développement de la banque doit effectivement être mené dans les régions, et au titre de la coresponsabilité des dirigeants administratifs du groupe et des comités de région, je suis chargé de le décliner pour la région PACA.

Ce projet d’entreprises 2015-2019 se décline selon trois axes principaux. Le premier concerne le développement de la banque à distance et es applications numériques, contrepoids indispensable à toute banque. La nôtre a été lancée il y a six mois et semble promise à un grand avenir, car, à défaut de se trouver à proximité d’une agence physique, elle permet de trouver une agence référente et d’avoir accès à l’ensemble des services bancaires. Nos agences ne sont pas présentes dans toutes les villes de France : notre réseau compte 90 agences, réparties à hauteur d’une agence dans la plupart des chefs-lieux de département, à l’exception des Bouches-du-Rhône et de l’Ile-de-France qui comptent plusieurs agences. La banque à distance permet à la fois de toucher l’ensemble de nos sociétaires, sans considération de situation géographique, et d’attirer de nouveaux clients.

Le deuxième point concerne la place donnée aux clients privés. Cette thématique continue de faire l’objet de débats et questionnements au sein des coopératives : quelle doit être la place accordée aux clients privés, dans une banque coopérative constituée autour de réseaux affinitaires de l’ESS ? Or, depuis cinq ou six ans, nous accueillons un nombre grandissant de clients privés, sans lien avec le champ de l’ESS et les réseaux traditionnels du Crédit Coopératif. Il faut donc leur faire une place, raison pour laquelle à partir de cette année nous les intégrons à tous les conseils d’administration : au niveau national à hauteur de trois postes, et en région avec trois à six postes. Notre intention derrière cette action est de communiquer autour de ce qui est peut-être une partie de l’avenir de notre banque : l’accueil de clients privés purs.

Troisième axe de développement, le renforcement de notre collaboration avec les partenaires économiques professionnels locaux. Nous sommes une banque en croissance, dont les services sont de plus en plus demandés par une clientèle professionnelle demandeuse de disponibilités localement.


Stéphane Salord : le Crédit Coopératif Paca, une illustration du concept d'ESS en région
Stéphane Salord est né le 26 janvier 1969 à Marseille. Diplômé de Sciences Po Aix en 1992, il est un spécialiste du droit public et du développement économique local. Fortement engagé dans la vie associative, il est fondateur du Comité de Bassin d’Emploi du Pays d’Aix en 1994, puis du Club des Créateurs d’Entreprises en 1995. Directeur de la Fondation Vasarely de 1995 à 2001, puis élu maire-adjoint de la ville d’Aix en Provence et vice-président de la Communauté du Pays d’Aix de 2001 à 2008, en charge de l’emploi, du développement économique, de l’insertion professionnelle, de la Politique de la Ville ; il préside dans cette période le PLIE et la Mission Locale du Pays d’Aix.

Il fonde l’ESDAC, école supérieur de design, d’arts appliqués et de communication d’Aix en Provence en 2008 ; il est élu président du conseil d’agence du Crédit Coopératif d’Aix en 2008, puis président du Comité de région PACA de cette même banque en 2009 ; il siège dans certaines instances nationales de la banque. Il est également administrateur de la CRESS, Chambre Régionale de l’Economie Sociale et Solidaire, depuis décembre 2013. Il est également président et fondateur de provence Plus TV, la web-tv du Pays d’Aix. Il anime également un lieu d’art en centre-ville d’Aix.

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