Le "foot-business" sans frontière

"C'est difficile de trouver les mots justes pour décrire ce que je ressens. Je fais comme si tout était normal. Les choses se sont passées très rapidement mais l'Inter est entre de bonnes mains", a par ailleurs réagi Moratti. L’Inter Milan croule aujourd’hui sous les difficultés à la fois financières et sportives. Financières, parce que les dettes se sont accumulées auprès des banques du club, et sportives parce que, face à d’autres grands clubs européens, l’Inter ne peut plus que se permettre un effectif low cost , en particulier au regard de son histoire, ce qui implique que le club n’a tout simplement plus rien gagné depuis 2010. A l’époque, l’équipe était alors dirigée par le très médiatique entraîneur José Murinho. On remarquera surtout que le marché du football italien est resté particulièrement fermé aux investisseurs étrangers, à l’inverse de la plupart des autres pays d’Europe. A l’exception de Rome, aucune autre ville d’Italie ne compte parmi les actionnaires majoritaires de club des étrangers.
Entre simple visibilité et soft-power
L’Inter Milan, qui compte parmi les clubs les plus prestigieux d’Europe, se dirige-t-il vers un destin à la Paris-SG, bouleversé par l’intervention financière du Qatar, sous la forme de Qatar Sports Investments (QSI), après avoir au préalable racheté un club en Angleterre (Manchester City), ainsi qu’en Espagne (Malaga). Sportivement, l’arrivée de liquidités massives sera sans doute synonyme d’un recrutement massif, et d’une plus grande visibilité en Europe. Mais ce rachat est surtout l’affirmation d’une place croissante des investisseurs des émergents dans le « foot-business » : le Qatar semble loin d’avoir le monopole de ce type d’investissement. Intégrer de la sorte un secteur aussi visible et populaire que le football en Europe offre une vitrine sans commune mesure à ces investisseurs, et un pont doré vers le Vieux Continent pour diversifier leurs activités et étendre leur soft power, leur pouvoir d’influence économique et culturel.