Terry Zimmer, vous êtes praticien et enseignant en intelligence économique, vous publiez chez VA éditions « Le renseignement humain à l’ère numérique ». Pour commencer, pouvez-vous nous dire ce qu’est le renseignement humain ?
Il pourrait y avoir de nombreuses définitions et de longs développements, mais pour faire simple : c’est l’acquisition d’un renseignement auprès de quelqu’un, directement ou non.
C’est un ensemble de savoirs, de savoir-faire et de savoir-être couplés ou non à des outils.
C’est un ensemble de savoirs, de savoir-faire et de savoir-être couplés ou non à des outils.
Pourquoi ce livre ?
Cela fait bientôt 10 ans que je m’intéresse au renseignement humain. C’est moins l’Histoire du renseignement qui m’intéresse que les méthodes et les techniques et surtout leurs applications dans le monde civil. C’est le plus vieux métier du monde aiment souvent plaisanter des anciens des services (car avant d’aller voir ces dames, il faut bien savoir où aller, à quels horaires et avec quelle somme). Vu sous cet angle, il sera donc également le dernier.
Entouré d’un nuage de souffre et d’un bon nombre de fantasmes, c’est un sujet injustement mal traité. L’art noble et indubitablement le parent pauvre de l’intelligence économique, dans son enseignement et ses applications professionnelles. C’est un sujet à réhabiliter et à mettre en lumière.
Entouré d’un nuage de souffre et d’un bon nombre de fantasmes, c’est un sujet injustement mal traité. L’art noble et indubitablement le parent pauvre de l’intelligence économique, dans son enseignement et ses applications professionnelles. C’est un sujet à réhabiliter et à mettre en lumière.
Pourquoi « à l’ère numérique » ?
Nous vivons dans un monde qui subit de formidables transformations technologiques. Elles bouleversent nos façons de vivre, de nous organiser ainsi que notre rapport à l’information.
Un exemple, il suffit de voir le désarroi et la sensation d’impuissance dans lesquels nous plongent quelques « fakes news » là où François-Bernard Huygues regrette fort justement qu’on ait arrêté d’employer le mot « bobard ». En effet, entre désinformations, mésinformations, rumeurs, intoxications, propagande, il n’y a rien de neuf. Le fait que cela se fasse via Facebook semble nous faire perdre totalement nos repères.
Le renseignement humain est une réponse parfaitement adaptée pour affronter ces problématiques.
C’est l’objet de ce livre : se tourner en arrière vers les très vieux fondamentaux (parfois oubliés) tout en se projetant en avant vers les outils actuels et futurs afin de pouvoir les gouverner et non en être les esclaves.
Un exemple, il suffit de voir le désarroi et la sensation d’impuissance dans lesquels nous plongent quelques « fakes news » là où François-Bernard Huygues regrette fort justement qu’on ait arrêté d’employer le mot « bobard ». En effet, entre désinformations, mésinformations, rumeurs, intoxications, propagande, il n’y a rien de neuf. Le fait que cela se fasse via Facebook semble nous faire perdre totalement nos repères.
Le renseignement humain est une réponse parfaitement adaptée pour affronter ces problématiques.
C’est l’objet de ce livre : se tourner en arrière vers les très vieux fondamentaux (parfois oubliés) tout en se projetant en avant vers les outils actuels et futurs afin de pouvoir les gouverner et non en être les esclaves.
En quoi est-il une réponse adaptée aux problématiques actuelles ?
Une personne qui possède des notions sur la façon dont son cerveau fonctionne et se trompe est mieux armée pour prendre conscience de ses travers et s’améliorer. Elle est également mieux armée pour comprendre ceux des autres et s’adapter.
Une personne qui a des notions sur les machines et les algorithmes, sur leurs potentiels et leurs limites est capable d’en tirer le meilleur sans se faire aspirer par le tourbillon des illusions et des promesses qui leur sont souvent associées.
Une personne qui sait qualifier des sources d’informations et des informations, qui sait les analyser et en tirer du sens n’a pas besoin de « décodeurs » pour lui indiquer ce qui est bon à lire ou non.
Une personne qui est sensibilisée à l’importance de savoir créer, développer et entretenir un réseau relationnel est plus résiliente.
Une personne qui sait préserver sa mémoire et protéger au mieux sa vie privée est mieux armée pour se défendre.
Le renseignement humain est donc un formidable outil d’émancipation, d’autodéfense (et éventuellement d’attaque) intellectuelle et d’autonomie. En particulier à notre époque.
Une personne qui a des notions sur les machines et les algorithmes, sur leurs potentiels et leurs limites est capable d’en tirer le meilleur sans se faire aspirer par le tourbillon des illusions et des promesses qui leur sont souvent associées.
Une personne qui sait qualifier des sources d’informations et des informations, qui sait les analyser et en tirer du sens n’a pas besoin de « décodeurs » pour lui indiquer ce qui est bon à lire ou non.
Une personne qui est sensibilisée à l’importance de savoir créer, développer et entretenir un réseau relationnel est plus résiliente.
Une personne qui sait préserver sa mémoire et protéger au mieux sa vie privée est mieux armée pour se défendre.
Le renseignement humain est donc un formidable outil d’émancipation, d’autodéfense (et éventuellement d’attaque) intellectuelle et d’autonomie. En particulier à notre époque.
Pourquoi est-ce un sujet si mal traité et finalement si méconnu selon vous ?
Je n’ai pas la réponse à cette question. Uniquement des pistes.
Peu enseigné, difficilement vendable ou « packageable », résultats sur le long terme, non assurés et difficilement quantifiables dans un tableur ou un rapport annuel, compétences professionnelles induites peu reconnues, « sale », « risqué », « un truc de service secret » ou d’officines, vague sentiment que si les autres doivent l’apprendre, nous nous savons intuitivement…
Peu enseigné, difficilement vendable ou « packageable », résultats sur le long terme, non assurés et difficilement quantifiables dans un tableur ou un rapport annuel, compétences professionnelles induites peu reconnues, « sale », « risqué », « un truc de service secret » ou d’officines, vague sentiment que si les autres doivent l’apprendre, nous nous savons intuitivement…
Sale et risqué ?
Un citoyen lambda n’a pas les mêmes objectifs qu’un agent de renseignements agissant sous couverture en territoire hostile. Le livre ne propose bien sûr qu’un cadre légal et surtout éthique du sujet et il y a déjà de quoi faire.
Suffit-il de lire votre livre pour connaître le renseignement humain ?
J’aimerais que ce soit aussi facile, mais il n’a pas cette prétention. Comme je l’ai déjà dit, c’est un ensemble de savoirs, de savoir-faire et de savoir-être. C’est un sujet hybride, à la superficie et aux contours flous, sur lequel on peut greffer beaucoup de choses.
D’ailleurs, le livre fait intervenir une dizaine de personnes très qualifiées dans leurs domaines, car il n’est pas possible pour une personne de tout maîtriser.
Néanmoins, j’ai essayé de proposer une trame, une colonne vertébrale afin de mettre le lecteur « sur de bons rails » et le laisser poursuivre son expérience seul s’il le désire.
C’est un point important, il ne suffit pas de lire un livre pour s’emparer de ce sujet, il faut le mettre en pratique.
D’ailleurs, le livre fait intervenir une dizaine de personnes très qualifiées dans leurs domaines, car il n’est pas possible pour une personne de tout maîtriser.
Néanmoins, j’ai essayé de proposer une trame, une colonne vertébrale afin de mettre le lecteur « sur de bons rails » et le laisser poursuivre son expérience seul s’il le désire.
C’est un point important, il ne suffit pas de lire un livre pour s’emparer de ce sujet, il faut le mettre en pratique.