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La charcuterie française au bord de la crise financière





Le 2 Octobre 2024, par François Lapierre

Les entreprises de charcuterie en France traversent une période difficile. Près d’un tiers d’entre elles ont enregistré des pertes en 2023, une situation qui inquiète les acteurs du secteur. Face à la concurrence internationale et à l'augmentation des coûts de production, la Fédération des entreprises françaises de charcuterie traiteur (FICT) appelle à une hausse des prix et à une meilleure prise en compte de leurs difficultés lors des négociations commerciales.


Les difficultés financières de la charcuterie française

Le secteur de la charcuterie française fait face à des difficultés financières croissantes. Selon une étude commandée par la Banque de France et relayée par la Fédération des entreprises françaises de charcuterie traiteur (FICT), un tiers des entreprises de charcuterie ont clôturé l’année 2023 avec des pertes, contre un quart en 2022. Ce constat alarmant met en lumière la fragilité croissante d’un secteur essentiel à l’industrie agroalimentaire française. « Il faut que nos entreprises puissent sortir du rouge », a insisté Christiane Lambert, nouvelle présidente de la FICT, dans une déclaration faite à l’ouverture des négociations commerciales avec les distributeurs.

Le principal problème soulevé par la FICT réside dans l’incapacité des entreprises à répercuter suffisamment la hausse des coûts de production sur les prix de vente. En deux ans, la marge nette des entreprises du secteur a chuté de 65 %, passant de 2,6 % du chiffre d'affaires en 2021 à seulement 0,9 % en 2023. Cette érosion des marges s'explique notamment par l'augmentation des prix du porc, de l'énergie et des salaires, trois facteurs clés dans la production de charcuterie. Les conséquences sont déjà visibles : les difficultés de trésorerie des entreprises se sont accentuées, et leur capacité d’investissement s'est effondrée.

L’une des craintes majeures exprimées par les acteurs de la filière est de voir leur compétitivité s’affaiblir face à la concurrence étrangère. Actuellement, près d’une référence sur cinq en rayon charcuterie est déjà importée. Ce phénomène risque de s'accentuer si les entreprises françaises ne parviennent pas à maintenir leurs investissements dans l'innovation et la modernisation de leurs infrastructures. « Si elles connaissent des difficultés, n’ont pas les moyens d’investir, elles perdent leur place dans les rayons face aux produits importés », a alerté Christiane Lambert, rappelant que 75 % des porcs français sont transformés par ces mêmes entreprises de charcuterie.

Les négociations avec la grande distribution sous tension

Les premiers mois de 2024 confirment d’ailleurs une tendance à la détérioration de la situation économique des entreprises du secteur. La Banque de France a relevé une forte augmentation des incapacités de paiement, avec des montants cumulés quatre fois supérieurs à ceux du premier semestre de 2022.

Face à cette situation, la FICT appelle à un geste des enseignes de distribution, en particulier lors des négociations commerciales annuelles. Le secteur de la charcuterie représente une part non négligeable des marges des grandes surfaces : selon l’Observatoire des prix et des marges, la marge nette générée par le rayon charcuterie est passée de 400 millions d’euros en 2020 à près de 600 millions d’euros en 2022.

La FICT souhaite également que les entreprises de charcuterie soient exclues des négociations des centrales d’achat européennes, afin de protéger les petites et moyennes entreprises (PME) du secteur, qui jouent un rôle clé dans la filière agricole française. « Il n’y aura pas de souveraineté alimentaire française, il n’y aura pas de transformation en France s’il n’y a pas des entreprises rentables », a déclaré Christiane Lambert, soulignant la nécessité de préserver des délais stricts pour les négociations tarifaires et de renforcer les clauses de révision des prix.




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