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Le déconfinement, un nouveau rapport à l’œuvre d’art





Le 25 Mai 2020, par Christine de Langle


Girodet, L’Odalisque (masquée), du compte Facebook du musée Girodet, Montargis @musee.girodet
Girodet, L’Odalisque (masquée), du compte Facebook du musée Girodet, Montargis @musee.girodet
L’attente crée le désir

Nous attendons tous l’ouverture du Louvre, du musée d’Orsay ou du château de Versailles et dès que nous le pourrons, l’ouverture des musées hors de nos frontières. Bonne nouvelle, à Bruxelles, les Musées Royaux viennent d’accueillir leurs premiers visiteurs.

Continuons à nous préparer à ces futures rencontres dont nous avons été privés et rendons hommage à ces établissements culturels qui ont su mettre à profit leur fermeture pour accélérer la numérisation de leurs collections et proposer aux visiteurs une grande variété de visites virtuelles. Prenons par exemple le chemin du château de Versailles : #VersaillesChezVous propose des vidéos sur l’histoire du château et un MOOC « Louis XIV à Versailles », belle occasion de découverte pour tous les âges. 
 
La revanche des petits musées

Le gouvernement a décrété la réouverture des petits musées et beaucoup de professionnels de la culture et de visiteurs se sont interrogés sur la notion de « petit musée ». Partons à la découverte de ces petits musées, souvent grands par leurs collections ou leur réputation. A Paris, l’objectif est de rouvrir le 16 juin plusieurs musées (Bourdelle, Libération, Vie romantique, maison de Balzac, Cernuschi) ainsi qu’une exposition au Petit-Palais (« La force du dessin »). L’Institut Giacometti à Montparnasse fait figure de pionnier avec la réouverture dès le 15 mai de l’exposition « A la recherche des oeuvres perdues ». Les visiteurs ont de nouveau accès à ces œuvres disparues qui resurgissent grâce aux photos de Brassaï, Man Ray ou Cartier-Bresson mais aussi aux très nombreux dessins de Giacometti. Certaines sont reconstituées comme cet « Objet surréaliste » de 1932 qui a été complété par Martial Raysse.

En parcourant la France dans la limite des 100 km, à chacun sa visite en fonction des solutions adoptées par les directeurs de musée en accord avec les préfets. Le musée Ingres Bourdelle à  Montauban a opté pour une réouverture dès le 16 mai les week-end et jours fériés.  Le musée des Impressionnistes à Giverny, petit musée qui accueille plus de 180 000 visiteurs par an reste fermé mais choisit la Journée internationale des musées, le 18 mai, pour mettre en ligne son exposition « Plein air. De Corot à Monet ».

A Amboise, le château du Clos-Lucé et le parc Leonard de Vinci réouvre le 20 mai. Le 2 juin, c’est au tour du musée des beaux-arts d’Orléans d’ouvrir ses portes, l’occasion de redécouvrir l’un des plus vieux musées de France inauguré en 1797 grâce à la saisie des biens d’Eglise et de ceux des émigrés. Et une bonne nouvelle, dans ce Grand Est durement touché par le Covid 19, c’est à partir du 22 juin qu’on pourra retrouver le retable d’Issenheim et les collections du musée Unterlinden à Colmar.
 
Hopper, le peintre du confinement

Durant le confinement, nous avons souvent éprouvé le besoin d’un lien culturel. Nombreux sommes-nous à avoir visité virtuellement des collections de musées, proches ou lointains, dans une quête de plaisir et de beauté loin d’un quotidien anxiogène. Et nous avons découvert sous un autre angle des artistes que nous croyions connaître. Monet, confiné volontaire à Giverny dans les dernières années de sa vie, va peindre son testament pictural qu’il offrira à la France en 1918. Les grands panneaux des Nymphéas exposés au musée de l’Orangerie, à Paris, sont l’exemple même de la liberté de création issue d’une contrainte de l’espace.

Mais notre confinement citadin nous a rapproché de personnages de Hopper ou de Hitchcock dans « Fenêtre sur cour ». Des personnages immobiles, des rues silencieuses, des villes à l’arrêt. Ce que nous avons vécu. Une occasion de faire un tour à la Fondation Beyeler (CH) qui vient de rouvrir avec une exposition Hopper. Lyrique, Sam Keller, son directeur compare le retour des visiteurs au « baiser de la Belle au bois dormant ».

Edgar Hopper, jeune artiste américain, visite Paris au début du 20e siècle, il en sera durablement impressionné. Depuis, il voue un culte à Degas qui le sidère par l’audace de ses cadrages et pose ainsi la question de ce qui mérite d’être préservé d’une scène vue. La fonction du cadre est ensuite de l’isoler et de le proposer à notre contemplation. « La chose a été vue. Le temps arrêté et la palpitation, nous le revivons encore » déclare Hopper en 1928. Il travaille de mémoire, comme le Monet des Nymphéas. Le tableau est donc le résultat d’une décantation de l’observation directe et de l’immédiateté. 

Nourris d’Internet qui nous a habitués à une surabondance d’informations visuelles et auditives, mais aussi à un refus algorithmé de toute hiérarchie, nous sommes fascinés par Hopper qui isole et recadre pour nous faire découvrir ce qu’il juge digne d’être préservé, ce qu’on appelle la composition d’un tableau et ce qui fait la nécessité de l’image.

Christine de Langle, fondatrice d’Art Majeur
www.art-majeur.eu


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