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Le faux mythe du plombier polonais : les entreprises à la conquête de l’est





Le 10 Janvier 2014, par La Rédaction

Les pays de l’Est offrent aujourd’hui des opportunités plus qu’intéressantes aux entreprises françaises qui n’hésitent plus à investir dans des pays constituant de véritables tremplins de développement. Par la même occasion, elles donnent une nouvelle image d’une région sur laquelle quelques idées reçues perdurent.


Crédit: "Estonia Flag Painted On Wall" / criminalatt
Crédit: "Estonia Flag Painted On Wall" / criminalatt

Un vent d’est sur les clichés

Trop pauvres ou pas assez développés, les idées reçues sur les pays de l’Est ne manquent pas. Or, les pays de l’est se portent plutôt bien voire mieux que ceux d’Europe occidentale et de la zone euro. La région se démarquait déjà avant la crise par une croissance d’environ 4 % par an contre 0,5 % pour les pays de la zone euro en 2008. Pour 2013, la moyenne des taux de croissance du PIB de l’Europe centrale et orientale devrait se situer entre 2,5% et environ 1,5% selon Eurostat. Selon cette dernière source, les six plus fortes croissances en Union Européenne seront à l’est en 2015. Si les pays sont moins riches, ils sont inscrits dans une véritable dynamique de « rattrapage économique  » précise Paul Verluise, politologue, qui ajoute que leur taux de chômage est inférieur à la moyenne européenne. Un véritable boom économique donc pour la Slovaquie, la Pologne, la Roumanie ou l’Estonie, qui en plus de rattraper leur retard apparaissent comme un marché innovant. Et les entrepreneurs européens ne s’y trompent pas : 30% des start-ups européennes sont créées à l'Est.

La vague de délocalisation dont ont bénéficié les pays de l’est grâce à une main d’œuvre à bas coût et aux aides de l’Union Européenne, a largement marqué l’opinion publique européenne (et française). Or, cette nouvelle conquête de l’est apparaît comme un phénomène différent.  En effet, il s’agit  plus de profiter d’un contexte économique relativement favorable et d’une législation (pour l’heure) plus souple. La rentabilité et le faible coût du travail ne semblent plus être les seuls facteurs d’expatriation.  Pour Pierre-Olivier Monteil qui dirige la filiale polonaise de Playsoft, start-up française devenue multinationale, « le pays n’est pas si bon marché qu’on le croit, surtout dans un secteur en pénurie de main-d’œuvre comme le nôtre. Certains profils peuvent gagner jusqu’à l’équivalent de 3000€ net par mois ». Une démarche qui, selon lui, n’a rien d’une stratégie de délocalisation.

D’ailleurs les entrepreneurs expatriés saluent l’environnement positif qui les entoure. « On sent une envie ici, les gens ont “faim”. À peine diplômés, les jeunes s’inscrivent à des cours du soir, ou du week-end, pour se perfectionner… c’est la marque d’une grande capacité d’adaptation» constate Pierre-Olivier Monteil. Michel Macardier qui dirige une entreprise spécialisée en matériel et équipements scolaires ajoute qu’ « il vaut mieux être jeune Polonais que jeune Français aujourd’hui. La France est trop morose! ». Au delà des opportunités financières, les pays de l’Est apparaissent comme des marchés regorgeant d’opportunités où l’expatriation n’est plus subie.

De nouveaux marchés à saisir pour tous

« Ici, le marché est en plein boom, contrairement à la France. Les possibilités de développement sont immenses» constate Michaël Desmurs qui dirige un des sites polonais de SII, une société française de conseil informatique dont le dernier chiffre d’affaire frôle les 290 millions d’euros. La Pologne se distingue face aux autres pays de l’est grâce à une demande intérieure très dynamique. Elle a su attirer les investisseurs étrangers, dont la France, qui fin 2010, était le troisième investisseur étranger du pays. Les investissements français en Pologne ont été multipliés par plus de 5 entre 1999 et 2010.

Si Auchan a déboursé plus d’un milliard d’euros afin de se positionner à l’est à l’instar de Leroy Merlin ou Orange, les PME elles aussi, envisagent sérieusement les opportunités qu’offrent ces nouveaux marchés. Pascal Thebline, directeur général de l’entreprise familiale Compin spécialisée dans la fabrication de sièges ferroviaires, constate que ces pays émergents présente « un gros potentiel de rénovation et des perspectives avec la construction de nouvelles lignes de transport ». L’entreprise qui a atteint l’an passé un chiffre d’affaire de 85 millions, a ainsi installé un atelier de confection près de Lodz en Pologne afin d’être au cœur d’un marché en plein essor.

C’est en Bulgarie, que l’entreprise familiale Oberthur Fiduciaire a quant à elle, choisi de lancer, une activité de production hors du territoire français. Spécialisée dans l’impression de haute sécurité, elle a créé une joint-venture avec la Banque Centrale bulgare, dédiée à l’impression de billets de banque. Un investissement de 22 millions d’euros qui constitue une nouvelle étape dans la longue histoire d’un groupe qui conçoit la monnaie de près de 70 pays. Selon Thomas Savare, à la tête d’Oberthur Fiduciaire depuis 2008, cette collaboration permettra à l’entreprise « d’accélérer sa croissance et de conforter sa position parmi les leaders de l’industrie fiduciaire », moins de trente ans après la reprise de l’entreprise d’impression par la famille Savare.

Autre destination phare, la Roumanie représente le deuxième marché d’Europe centrale et de l’Est, après la Pologne. Les entreprises de l’Hexagone investissent de plus en plus  sur le marché roumain en pleine expansion. Et 60 % des 370 sociétés répertoriée à la Chambre de commerce française de Roumanie sont des petites et moyennes entreprises.  Et comme chaque nouvelle conquête comporte des risques, les entreprises devront se méfier de la crise, qui tend à ébranler la région et d’une concurrence chinoise qui pourrait arriver plus tôt que prévue sur place.



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