Journal de l'économie

Envoyer à un ami
Version imprimable

La centrale d’achat des Compagnons de l’Audition dans la tourmente





Le 14 Novembre 2017, par La Rédaction

Audiocentrale SA, la centrale d’achat sur laquelle repose l’activité de la fédération d’audioprothésistes indépendants Les Compagnons de l’Audition, est actuellement en liquidation judiciaire. Dans le petit monde de l’audioprothèse, les inquiétudes sont vives pour l’avenir de ce réseau bien connu pour son éthique du métier ; son indépendance et la qualité de son service orienté patient.


Au début de l’année 2017, les chiffres du Snitem (Syndicat National de l’Industrie des Technologies Médicales), ont montré une hausse des ventes d’aides auditives de 9%. Ce chiffre est la conséquence de deux phénomènes parallèles : le besoin croissant d’appareillages, allant de pair avec le vieillissement de la population, et une évolution des comportements, avec une meilleure prise de conscience des risques liés aux troubles auditifs. Cependant, le marché des prothèses auditives soulève toujours certaines problématiques. En effet, pour s’équiper le montant à débourser pour une seule oreille équivaut à 1000 euros après remboursement de l’assurance maladie (120 euros), et des complémentaires santé (350 euros). Par ailleurs, même si de gros progrès ont été réalisés en termes d’ergonomie des prothèses, les français sont encore nombreux à être complexés par le port d’appareillages. Dans ces conditions, près de la moitié des personnes nécessitant des appareils y renoncer.

C’est à ce double défi que s’est attaqué le réseau d’audioprothésistes « Les Compagnons de l’Audition » créée en 2007 par Michel Wiplier. Fédérés autour de la centrale d’achats Audiocentrale SA (pour influer sur la question du prix des équipements), et forts des valeurs communes qui les rassemblent, ils créent l’année suivante le concept de « Compagnons de l’audition » et le consolide via la rédaction d’une charte basée sur 4 principes fondamentaux : écoute, patience, empathie et intégrité. Corollaire indispensable de ces quatre principes : l’indépendance vis-à-vis de tous les acteurs du marchés, érigée en vertu cardinale. Il s’agit là de restaurer la confiance entre le client-patient et le professionnel de santé qu’est l’audioprothésiste, sur la base d’une stratégie de qualité globale. Pour les Compagnons, l’indépendance, par rapport aux fournisseurs en particulier, est le premier gage de cette confiance et le fondement de la « relation-client » développée par ces professionnels de santé : elle seule garantit l’absence de tout parti-pris dans les recommandations qui peuvent être faites aux patients sur les choix d’équipements notamment. L’indépendance est la condition d’un travail de conseil professionnel et serein, essentiel dans cette spécialité. Cette intégrité et cette intransigeance éthique font toute la valeur d’un réseau qui a souhaité tout de même par ailleurs donner une allure plus formelle à ses engagements.

Afin de poursuivre plus avant cette démarche, le réseau entame donc dès 2013 un travail de certification. En 2016, le label qualité « Compagnons de l’Audition » est certifié par Bureau Veritas. Selon Michel Wiplier « L’objectif de la certification est à la fois d’être reconnus comme des professionnels de santé à part entière, d’élever au maximum le niveau de la qualité de service de tous les laboratoires, de donner la parole au patient et de le reconnaître comme un véritable acteur de sa réhabilitation auditive mais aussi d’établir des liens de plus en plus étroits avec le corps médical et paramédical ».

En effet, parmi les points forts du réseau réside la coopération avec les ORL. Un lien entre les deux professions qui se traduit notamment par l’organisation chaque année des journées scientifiques. Durant ces rencontres, les professionnels ont l’occasion d’échanger sur des sujets en lien avec la profession tels que les exigences de la formation, les solutions à apporter aux patients, les dangers représentés par les structures financières qui souhaitent accaparer le marché, l’éthique de la profession à laquelle tous les acteurs du marché ne sont pas forcément attentifs…

Pour toutes ces raisons, le label « Compagnon de l’audition » définit désormais un audioprothésiste indépendant qui a choisi de placer le patient au cœur de ses considérations. Il s’agit donc d’un professionnel qui s’engage à se former, à recevoir le patient selon les règles du label qualité, à l’accompagner durablement tout au long de son appareillage et à accepter d’être contrôler de façon régulière par le Bureau Veritas. De nombreux audioprothésistes se sont ainsi tournés vers ce réseau qui allie indépendance et qualité de service. 

Si les atouts du réseau ne sont donc plus à questionner, l’avenir de la centrale d’achat des Compagnons de l’Audition reste lui à considérer. Venant d’être placée en liquidation judiciaire, son destin est désormais entre les mains de Jérôme Cabooter, l’administrateur judiciaire en charge de la coopérative. Reste à savoir qui sera le repreneur de l’un des rares acteurs encore indépendants d’un marché en pleine croissance, et si les principes éthiques qui ont jusqu’ici guidé l’action des Compagnons survivront aux manœuvres financières à venir. Quoiqu’il en soit, les candidats à la reprise doivent comprendre que c’est précisément l’indépendance des Compagnons et leur éthique du métier qui font toute la valeur d’Audiocentrale SA. 




Nouveau commentaire :
Twitter

Le JDE promeut la liberté d'expression, dans le respect des personnes et des opinions. La rédaction du JDE se réserve le droit de supprimer, sans préavis, tout commentaire à caractère insultant, diffamatoire, péremptoire, ou commercial.

France | International | Mémoire des familles, généalogie, héraldique | Entreprises | Management | Lifestyle | Blogs de la rédaction | Divers | Native Advertising | Juris | Art & Culture | Prospective | Immobilier, Achats et Ethique des affaires | Intelligence et sécurité économique - "Les carnets de Vauban"



Les entretiens du JDE

Tarek El Kahodi, président de l'ONG LIFE : "L’environnement est un sujet humanitaire quand on parle d’accès à l’eau" (2/2)

Tarek El Kahodi, président de l'ONG LIFE : "Il faut savoir prendre de la hauteur pour être réellement efficace dans des situations d’urgence" (1/2)

Jean-Marie Baron : "Le fils du Gouverneur"

Les irrégularisables

Les régularisables

Aude de Kerros : "L'Art caché enfin dévoilé"

Robert Salmon : « Voyages insolites en contrées spirituelles »

Antoine Arjakovsky : "Pour sortir de la guerre"











Rss
Twitter
Facebook