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Aux Pays-Bas, l’État-Providence tire sa révérence





Le 19 Septembre 2013

Portés par leur superbe historique et leur mission sociale, les États européens renvoient parfois l’image d’organisations bienveillantes, inébranlables, presque éternelles. C’est oublier un peu vite que, comme toute autre organisation, l’État dépend de ressources pour assurer sa survie et remplir les missions qui lui sont confiées. Or en cette période de crise, tous les États européens sont contraints de revoir à la baisse leurs prétentions. En ce début d’automne 2013, ce fut au tour des Pays-Bas de faire un aveu d’impuissance, dont l’écho résonne tout particulièrement à travers le Vieux Continent.


Vue d'Amsterdam - Gouwenaar
Vue d'Amsterdam - Gouwenaar

La fin d’une tradition sociale

Le 17 septembre 2013 à La Haye, le roi Willem-Alexander annonçait la fin de l’État-providence néerlandais. Une déclaration qui scelle le sort de l’un des plus importants héritages de l’Histoire néerlandaise. « À tous ceux qui le peuvent, il est demandé de prendre ses responsabilités pour sa propre vie et pour son entourage ». Des mots qui peuvent sembler surréalistes sur le continent européen où règne un attachement fort à l’héritage social du XXe siècle. Et pourtant, c’est bien au cœur de l’Europe que l’on a assisté à l’un des reflux les plus significatifs de l’emprise de l’État sur la société de ces dernières années.
 
Le point le plus déconcertant de cet épisode est sans aucun doute le fait que la situation économique des Pays-Bas n’est pas celle des pays européens les plus fragiles. Amsterdam compte en effet pour la cinquième économie européenne, se pose en quatrième place du classement mondial de l’indice de développement humain, et connaissait jusqu’à très récemment encore une démographie dynamique. Oui, mais comme bien d’autres pays du Vieux Continent, les Pays-Bas sont entrés en récession à la suite de la crise de 2008, la maîtrise de la dette publique y est devenue un enjeu majeur, et l’austérité est devenue le point cardinal de la politique contracyclique mené par le gouvernement du pays.

La sécurité financière du pays, devant son bien-être

Les 6 milliards d’euros de coupes budgétaires prévus dans les dépenses de santés et de sécurité sociale s’inscrivent donc dans la continuité d’un plan de consolidation de l’économie néerlandaise. Preuve qu’il n’est pas nécessaire d’en arriver aux extrémités de la situation grecque pour voir l’État renoncer à tout ou parties de certaines de ses missions fondamentales. En effet, l’impact de la crise sur les Pays-Bas est comparable à celui qu’elle a eu sur des pays comme l’Italie ou l’Espagne où les politiques sociales ont d’ailleurs également été entamées au cours des dernières années.
 
Ironie du sort qui révèle sans doute le souci des gouvernants de protéger leur pays de tout risque financier futur, c’est un travailliste – le ministre des Finances Jeroen Dijsselbloem – qui a justifié l’annonce du roi Willem-Alexander. Selon M. Dijsselbloem, elle s’explique par la nécessité de mettre fin à « la croissance du bien-être bâtie sur des dettes ». Aux Pays-Bas, la social-démocratie semble donc avoir renoncé à défendre le pacte social hérité de l’après-guerre pour inaugurer une nouvelle ère budgétaire. À La Haye, une page de l’Histoire s’est tournée.




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