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Dans le domaine de la dépollution, « l’innovation est une composante essentielle de différentiation » selon Hugo Rosati





Le 26 Juillet 2020, par La Rédaction

Marchés en plein essor en raison des contraintes sanitaires et environnementales toujours plus élevées, la dépollution et la décontamination sont l’espace d’expression d’entreprises au savoir-faire unique. Le directeur général de DI Environnement revient sur l’importance de l’innovation afin de remporter des contrats et satisfaire des demandes parfois extrêmement sensibles.


Quels sont les contours du marché de la dépollution en France ?
 
La dépollution au sens large comprend toutes les opérations visant à rétablir des conditions sanitaires et environnementales satisfaisantes conformément au projet validé. Concrètement, on distingue deux grands secteurs au sein de ce marché, la dépollution des sols, rattaché au domaine communément appelé “sites et sols pollués” et la décontamination.
 
Le premier est structuré par des problématiques majoritairement environnementales, c’est-à-dire relatives à la nature des eaux et des sols, et le second par des enjeux sanitaires, c’est-à-dire relatifs aux risques pour l’Homme, le plus souvent présents dans l’air. Ce sont donc deux segments bien distincts, mais qui ne sont pas toujours exemptes de synergies, certaines friches industrielles incluant ces deux sujets.
 
Le secteur le plus visible dans le paysage, aujourd’hui en France, est la décontamination au sens du retrait des agents chimiques classés comme étant Cancérogènes, Mutagènes et Reprotoxiques (CMR). En effet, pour retirer ces produits ou matériaux qui rendent des sites et matériels impropres à leur usage, leur rénovation ou leur destruction, des moyens atypiques doivent être mis en place par des professionnels qualifiés en fonction des polluants identifiés. Parmi ces polluants, on retrouve bien sur l’amiante, à l’origine de la création d’une importante filière plus ou moins structurée suivant la réglementation et la rigueur mises en œuvre par les pays ayant interdit son utilisation. Le déplombage est également une filière qui se structure progressivement pour répondre à une prise de conscience grandissante. Enfin, une multitude d’autres agents CMR constituent une problématique dans la vie des bâtiments et équipements, dans tous les secteurs et toutes les configurations de travaux.
 
Du fait de la sensibilisation des populations et des recherches menées sur l’environnement et la santé, la dépollution, au-delà d’être un marché dynamique, constitue une multitude de métiers d’avenir et de savoir-faire à constituer. En proposant une offre globale sur tous les domaines de la dépollution, DI Environnement est d’ailleurs en constante croissance avec une évolution particulièrement positive au cours de ces dernières années (entre 10 % et 15 % de croissance interne annuelle).
 
Quels sont les moyens de se distinguer de ses concurrents ? Existe-t-il une course à l’innovation comme dans de nombreux autres secteurs ?
 
Comme dans beaucoup de secteurs, le prix est une caractéristique importante qui permet aux différents acteurs de se distinguer les uns des autres. Mais ne nous y trompons pas, en milieu à risque il n’y a pas de produit standard et il s’agit de comparer des performances réelles et des qualités d'exécution. Les process, les technologies et les garanties, financières mais aussi qualitatives, sont de réels leviers pour adresser une offre différenciante et crédible à des clients soucieux de l’enjeu sanitaire de leurs opérations. Parce qu’elle répond aux enjeux précités, l’innovation est bien un moyen de différenciation.
 
Chez DI Environnement nous sommes bien entendu spécialistes des travaux de dépollution, mais nous sommes également fabricants : tous les matériels utilisés sur nos chantiers sont conçus par nos équipes de terrain et nos ingénieurs puis sont assemblés dans notre atelier de Montélimar. Que ce soient des outils génériques ou spécifiques à chaque chantier, ils sont uniques et constituent un facteur clé de succès à part entière. A titre d’anecdote, avec l’équivalent de plus de 2 000 000 m3/h de systèmes de filtration produits, nous sommes un des premiers fabricants d’extracteurs d’air, et pour notre propre compte uniquement ! Cette réelle capacité à concevoir et réaliser nos matériels est au cœur de l’innovation signée DI Environnement.
 
Au-delà de ces innovations très concrètes il en existe d’autres dans l’approche de la dépollution. Les process employés sont une composante essentielle de l’innovation, mais la manière de les enseigner à nos équipes l’est tout autant dans un secteur d’activité qui ne dispose pas de standards pédagogiques sur le plan pratique.
 
Les solutions innovantes à destination de nos clients sont aussi un enjeu et nous nous efforçons continuellement de “penser différemment” pour apporter une plus-value. A titre d’exemple, dans le cadre de sollicitations pour le retrait de couverture en amiante ciment, nous avons non seulement dépollué les bâtiments de nos clients, mais également valorisé leurs toitures en y installant des panneaux photovoltaïques livrés clés en main, permettant ainsi de financer les travaux. Cette particularité dans notre offre de service constitue même une business unit à part entière de DI Environnement.  Nous avons déjà développé plus de 10 mégawatts d’énergie solaire.
 
Dans le même esprit, nous prenons part à certaines opérations de dépollution d’envergure en tant que promoteur de projet : nous devenons à la fois entreprise de travaux et investisseur ou co-investisseur sur des sites et sols pollués, apportant une garantie supplémentaire à nos partenaires.
 
Quels sont les derniers procédés et innovations développés par DI environnement ?
 
Nos derniers équipements développés concernent le traitement de surface : notre activité de décapage de surfaces métalliques polluées, notamment au plomb, est en plein essor. Nous avons pris le parti de développer nous-mêmes des matériels de grenaillage et de recyclage de l’air, conventionnels sur leurs capacités standards, mais adaptés aux pollutions que nous trouvons sur les matériaux traités. Une partie de ces matériels sera d’ailleurs utilisée dans notre future usine de démantèlement de Chalindrey où des robots seront même déployés sur les postes les plus à risques et à forte pénibilité.
 
En outre, des outils sont en permanence conçus ou adaptés en fonction de nos besoins récurrents ou spécifiques. Nous avons, par exemple, récemment amélioré nettement nos matériels de ponçage relatifs aux traitements des sous faces de dalles dans le bâtiment : ces derniers sont à présent deux fois plus rapides que nos versions précédentes et au moins quatre fois plus rapides que les outils standards du marché.
 
Aussi, concernant des projets plus atypiques, nous concevons actuellement notre quatrième version de “train travaux” utilisé dans les grandes gares intramuros pour déployer en un temps record nos installations de chantier et réaliser la rénovation de grandes infrastructures.
 
Enfin, un de nos principaux projets en cours concerne un robot autonome de désamiantage à destination de certains bâtiments et de sites complexes nécessitant des degrés de protection et de soins particuliers comme dans l’industrie nucléaire.
 
Dans quels domaines les plus grandes innovations sont-elles à attendre sur le marché de la dépollution ?
 
Dans tous les domaines précités je l’espère ! Avec une tendance invariable qui est la digitalisation. Même si je considère la digitalisation non comme une innovation en tant que telle mais comme un support à l’amélioration, notamment de nos process, il est vrai que des gains de compétitivité sont à créer grâce à ce biais.
 
DI Environnement est d’ailleurs une des premières entreprises du secteur à avoir dématérialisé la plupart des informations variables des chantiers. Avant même l'avènement des tablette numériques nous utilisions des stylos connectés pour analyser et archiver notre data.
 
Les technologies étant en constante évolution, notre organisation numérique l’est aussi et les prochains enjeux ne sont plus la saisie et la remontée des données, mais leur partage avec des tiers dans le temps et de manière interactive. Le BIM est un sujet intéressant en la matière, mais il est loin d’être le seul et devra être complété par des plateformes spécifiques aux problématiques de chaque utilisateur. C’est pourquoi nous développons en interne depuis trois ans une organisation digitale afin de la rendre la plus adaptée à notre métier, à nos besoins et à ceux de nos clients. Cet univers de solutions digitales, appelé DIEASY, nous a permis d’optimiser nos process et nous apporte aujourd’hui une grande interconnectivité entre nos équipes, nos services et nos clients, du début à la fin de notre chaîne de valeur.
 
Enfin, les innovations les plus marquantes seront aussi liées à la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), car la volonté d'adopter des pratiques ayant un impact positif sur la société tout en étant économiquement viables nous pousse à chercher de nouvelles approches, de nouveaux procédés. Que ce soit sur le plan matériel avec de nouveaux équipements de protection individuelle et autres équipements permettant de limiter la pénibilité au travail, ou sur le plan organisationnel avec des problématiques liées au respect de l’environnement notamment, l’innovation nous aide à provoquer le changement.




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