Journal de l'économie

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Covigneron.com : la soif du terroir

Entretien avec Alain Michalon





Le 7 Juillet 2015

Chérir sa propre vigne, suivre l’évolution des grappes, vivre la fabrication d’un millésime et le déguster. De nombreux férus de vin se rêvent en vigneron d'un jour. C'est aujourd'hui une réalité grâce à Covigneron.com qui propose une immersion totale dans un domaine grâce à un vigneron partenaire. Un concept qui répond aux nouvelles attentes des consommateurs en quête de qualité mais aussi de sens. Le terroir en partage et l’humain au cœur, Alain Michalon, le fondateur de Covigneron.com a répondu à nos questions.


Vous proposez de louer une parcelle de vigne parmi une sélection de domaines réputés. Comment est né ce projet ?

Ce projet est né d’une expérience personnelle. Combien de fois, suis-je passé devant des domaines qui n’avaient pas de caveau de vente ! N’osant pas aller frapper à leur porte, par crainte de les déranger, je poursuivais ma route… tout en me disant que j’étais peut-être passé à côté d’un excellent vin, d’un viticulteur passionnant, bref à côté d’une de ces rencontres que l’on n’oublie jamais.... Fort de cette réflexion, j’ai cherché un moyen d’entrer chez les vignerons, de nouer des relations avec eux, eux qui savent si bien parler avec passion de leur métier, et expliquer comment ils élaborent leur vin.

J’ai alors conceptualisé le programme Covigneron, proposant la location de pieds de vignes chez les producteurs. Le préfixe « Co » signifie partage, dans le même esprit que colocataire, covoiturage, etc… Il s’agit de partager quelque chose avec quelqu’un. Dans le cas présent, nous partageons le métier de vigneron. Il y a 3 ans  donc, j’ai démarré le concept Covigneron. C’est au Domaine JAUME à Vinsobres, dans la vallée du Rhône que ce concept a fait ses premiers pas. J’ai alors constaté l’intérêt qu’ont les vignerons à faire connaître leur métier et leur vin d’une part, l’intérêt et la curiosité des consommateurs à partager des moments précieux, authentiques et conviviaux d’autres part. Cela leur permet aussi de mieux comprendre ce qu’ils consomment. J’ai donc décidé de le développer au niveau national, en affiliant à Covigneron.com un domaine dans chacune des 16 régions viticoles françaises. Nous sommes actuellement présents sur 11. Les 16 seront couvertes d’ici 2016.
 

Comment sélectionnez-vous les vignerons partenaires ? Quelle relation entretenez-vous avec eux ?

Les domaines sont sélectionnés selon trois critères qualitatifs :
  • La qualité de leurs vins, que nous souhaitons sous appellation.
  • Leur intérêt pour l’oenotourisme. Cela suppose y consacrer du temps, être à l’écoute de ce nouveau type de clientèle.
  • Avoir une structure immobilière et humaine permettant d’accueillir des groupes. Immobilière, par la  nécessité d’avoir une salle appropriée lors des différents ateliers d’initiations (œnologie, dégustation, assemblages, etc…Et humaine, pour pouvoir encadrer et gérer ces groupes lors de ces différents ateliers, y compris au cœur des vignes. Et toujours avec le plaisir de recevoir, indispensable à ce genre de prestation.
Les relations entretenues avec les vignerons deviennent très vite amicales, de part cette passion commune à les faire connaitre. Dès les premiers ateliers une ambiance constructive s’établit avec eux, un peu comme une équipe de foot après avoir marqué un premier but !  Covigneron.com est l’outil permettant de mettre en relation les amateurs de vin avec les viticulteurs. Nous gérons ensuite la coordination entre eux. Les producteurs managent les ateliers au Domaine, ce qu’ils savent parfaitement faire pour le plus grand plaisir des participants. En ce qui nous concerne, c’est un véritable partenariat qui s’installe, il ne se passe pas un mois sans que nous nous téléphonions à défaut d’un passage chez eux. 
 

Vos adhérents peuvent suivre l’évolution de leurs vignes. Comment cela se passe-t-il concrètement ?

Nos adhérents choisissent en quelques clics sur Covigneron.com, le domaine et le vin qu’ils souhaitent découvrir ainsi que le nombre de pieds de vignes qu’ils souhaitent louer. Le bénéficiaire reçoit alors son certificat de location du Domaine, ainsi qu’un « bon cadeau » s’il s’agit de l’offrir. Il recevra ensuite une lettre d’information trimestrielle l’informant sur l’état de son vignoble, de la vie au Domaine et les prochaines dates des ateliers « Découvertes »

Avant chaque atelier, il reçoit une invitation, lui demandant s’il souhaite y participer. Le jour venu, il n’a plus qu’à se rendre au Domaine. Il sera reçu par les viticulteurs qui prennent toujours à cœur de bien recevoir les « covignerons »  et de leur faire découvrir le thème du jour (travaux en vignes, initiations, etc…) et qui se terminera bien sûr, toujours, par la dégustation de leurs vins.
 

Votre concept met le terroir au cœur. Pouvez-vous nous expliquer ce positionnement ?

Nous positionnons effectivement le terroir au cœur de notre concept. D’une part parce que dans le mot oenotourisme il y a « tourisme », qui le rend indissociable de l’environnement qui l’entoure. D’autre part, parce que le terroir est une composante importante de l’élaboration d’un vin. De plus il y a très souvent à proximité d’autres produits du terroir intéressants à faire découvrir, en parfaire harmonie avec le vin, crottin de Chavignol et Sancerre par exemple !

Il est donc important lors de la venue des covignerons sur le site du producteur de faire connaitre, chaque fois que possible le patrimoine local et les spécificités de cette région. C’est le cas par exemple à Saint-Emilion avec la visite du patrimoine souterrain de St Emilion, et dans le Val de Loire, avec la visite du Festival International des jardins du Château de Chaumont sur Loire, incluse dans le programme Covigneron du viticulteur correspondant. C’est également aussi, un moyen de pré-organiser la venue des Covignerons, et de les faire rester le temps d’un weekend pour découvrir la région.
 

Et on constate l’appétit des Français pour les produits du terroir. Cette tendance répond-elle selon vous d’une volonté de mieux connaître l’origine, la fabrication et la composition des produits et de renouer avec le naturel ?

Le consommateur a besoin d’être rassuré, de savoir ce qu’il consomme, d’où ça vient ? Comment cela est produit ? Par qui ? Sans parler du côté Made in France ! Je pense que nous quittons actuellement une consommation de masse pour nous diriger vers un « consommer mieux » qui protège la santé, l’environnement. Je pense que cela vient d’abord de tous les excès et abus de la consommation que nous venons de connaître. On ne peut que constater le développement de l’agriculture biologique ou l’essor de développement durable. L’oenotourisme s’inscrit parfaitement dans cette démarche. Il y a une prise de conscience certaine de l’intérêt vers les produits les plus naturels possible. Le seul frein : sommes-nous prêts à en payer le prix ? En avons-nous les moyens ?
 

Selon vous quelles sont les perspectives sur le marché ?

De nombreuses études démontrent le développement de l’économie régionale. Le boom des Associations pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne (AMAP) partout en France illustre bien cette tendance. Covgineron.com trouve ainsi parfaitement sa place dans cette nouvelle économie collaborative permettant de passer du numérique au contact direct avec les viticulteurs. Et il y a des perspectives très importantes pour le marché du terroir. La filière viticole est en avance, elle existe et est identifiée par le mot « oenotourisme ». En ce qui concerne le fromage par exemple, ce n’est pas le cas, tout est à construire. Nous pouvons raisonner de la même façon pour l’ensemble des produits du terroir sous appellation. Et ce n’est pas ce qui ne manque pas en France !
 




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