La décision exaspère plus d’un partisan du feu de cheminée à Paris. Pourtant la Mairie de Paris ne compte pas reculer et souhaite bien interdire cette pratique, responsable selon elle d’une bonne partie de la pollution de l’air sur la capitale. Elle se heurte désormais à une adversaire inattendue, Ségolène Royal.
La ministre de l’Ecologie a en effet déclaré vouloir s’opposer à l’arrêté préfectoral interdisant les feux de cheminée dans les foyers de la région parisienne, estimant que cette décision est « ridicule » et « excessive ». Dès le 1er janvier prochain, normalement, il sera interdit de faire brûler du bois dans sa cheminée sous peine d’être sanctionné.
« Je vais faire changer cette décision qui ne va pas dans le bon sens » a pourtant précisé la ministre, interrogée sur France 2. « J’ai été moi-même très surprise, surtout des chiffres qui ont été utilisés. On nous a fait croire que les feux de cheminée polluaient plus que les voitures diesel » a-t-elle expliqué. Ajoutant « j’encourage en tant que ministre de l’Ecologie le chauffage au bois. La France est quand même la quatrième forêt européenne et il y a des poêles de chauffage au bois qui sont très performants ».
On ne sait pas si Ségolène Royal a voulu se mettre encore plus en froid avec les écologistes. Toujours est-il que ses déclarations au sujet des chiffres utilisés pour mesure la pollution de l’air sont fausses. Le problème est qu’Arparif, qui mesure la qualité de l’air à Paris, a repris toutes ses études et confirme le problème : la pollution automobile pollue l’air de la capitale à hauteur de 25 %, et le feu de bois à hauteur de 21 %.
La ministre fait de plus référence à une étude de l’UFC-Que choisir qui précise que les feux de bois émettent dix fois moins de particules fines que la circulation routière à Paris. Le problème est que les mesures de cette étude ont été réalisées aux abords du périphérique.
Le Premier ministre a ainsi admis que la politique en faveur du diesel avait été une erreur. Rappelant la récente étude qui précisait que les Parisiens respireraient plus de 6 millions de particules fines par litre d’air, Manuel Valls a précisé que son gouvernement avancerait sur la question, une manière d'enterrer la politique pro-diesel, en faveur d'un rétablissement de l'équilibre entre tous les carburants.
Rien de tel pour cela que de toucher à la fiscalité. Le Premier ministre a ainsi annoncé qu’il allait réduire l’écart de la taxation entre l’essence et le gazole. Une mesure au menu du projet de loi de finances 2015. Manuel Valls a également déclaré que le gouvernement allait mettre en place, dès l’an prochain, un système d’identification de véhicules en fonction de la pollution qu’ils dégagent, de manière à pouvoir favoriser l’instauration de zones de restriction de circulation, un projet à l’étude à Paris.
Dernière mesure saluée l’élargissement de la prime à la conversion des vieux diesels qui favorise les automobilistes qui veulent renouveler leur voiture, en optant pour un modèle plus écologique. Une prime qui devrait s’ajouter au bonus écologique en faveur des véhicules hybrides, et tout électriques.
Anne Hidalgo, et certains de ses élus verts rêvent d’une zone à basse émission dans la capitale. C’est-à-dire une zone où l’on polluerait peu. Mais qui dit moins de pollution dit moins de véhicules, et pour cela, il faut mettre en place certaines interdictions. Tel est vraisemblablement l’esprit du plan contre la pollution de l’air à Paris, qui devrait être présenté d’ici février par le maire de Paris.
Cité par le Figaro, l’adjoint au maire en charge des transports, Christophe Najdovski (EELV) précise à ce sujet qu’il y aura « de premières mesures en 2015 de restriction d’accès au quotidien pour les véhicules les plus polluants ». En clair, certains véhicules seront tout simplement bannis des artères de la capitale, afin de limiter l’émission de gaz d’échappement.
Les choses pourraient même aller encore plus loin. D’ici à 2020, comme le précise le journal, tous les véhicules qui circuleront dans la capitale devront être aux normes Euro 5 ou Euro 6, des normes antipollution éditées par Bruxelles.
Une mesure qui risque de relancer le débat sur la question. Delphine Batho, alors ministre de l’Ecologie, avait enterré cette option, estimant qu’elle allait pénaliser les foyers les plus modestes qui n’ont que la voiture, et pas souvent la plus récente, pour se déplacer et aller travailler. Les associations d’automobilistes risquent eux aussi d’entrer dans la danse. Bref, Anne Hidalgo se prépare à d’épineuses discussions sur le sujet.