Jean-Yves Le Drian est optimiste. Interrogé vendredi 5 décembre sur RMC et BFM TV, le ministre de la Défense a précisé que les négociations sur la vente de 126 Rafales étaient en bonne voie. La France serait donc enfin sur le point de vendre ces chasseurs, pour un prix total de 12 milliards de dollars, soit 9,7 milliards d’euros.
« La volonté indienne est au rendez-vous » a ainsi précisé le ministre, qui a passé le début de la semaine en Inde, pour rencontrer son nouvel homologue indien Manohar Parrikar. Des déclarations qui annoncent peut-être la fin d’un long feuilleton qui dure maintenant depuis plusieurs années. L’Inde et la France ont donc promis de conclure rapidement ce contrat. Ce serait ainsi le premier succès du chasseur de Dassault, à l’exportation.
Après l’Inde, l’avion de chasse pourrait intéresser le Qatar. A ce sujet, Jean-Yves Le Drian s’est félicité des ventes d’armes françaises, qui auraient rapporté à l’Etat en 2014 un peu plus de 7,5 milliards d’euros. Des chiffres qui font oublier le fiasco du porte-hélicoptères Mistral. Le ministre de la Défense a précisé que la France ne pourrait jamais les livrer à la Russie…
L’imbroglio continue. La France doit-elle assurer sa livraison de porte-hélicoptère Mistral à la Russie sous peine de détruire sa crédibilité et de perdre plusieurs milliards d’euros, ou bien doit-elle attendre que les conditions dictées par la communauté internationale soient réunies pour la Russie ? Pour Michel Sapin, la seconde solution semble primer à l’heure actuelle.
Interrogé jeudi 30 octobre sur RTl, le ministre de l’Economie a indiqué que les conditions n’étaient pas réunies sur la question ukrainienne aujourd’hui pour livrer ces bateaux militaires à la Russie de Vladimir Poutine. Une déclaration qui vient contredire celle de Dmitry Rogozine, le vice-Premier ministre russe, qui indiquait mercredi avoir reçue une invitation pour se rendre à St Nazaire.
Tout le monde semble pour l’instant pendu aux lèvres de François Hollande, qui doit donner sa décision définitive courant novembre, selon Jean-Yves Le Drian. Certains observateurs remarquent toutefois que la France subit la pression d’acteurs internationaux comme les Etats-Unis et l’Angleterre tout en mentionnant le fait qu’en période de crise économique, un contrat de 1,2 milliard d’euros ferait sans doute du bien aux finances françaises. Ce qui n’est passé inaperçu aux yeux de la Russie.
Les exportations d’armes françaises ont atteint 6,87 milliards d’euros en 2013, en hausse de plus de 40 % par rapport à 2012. Ce sont les résultats d’une étude menée par le ministère de la Défense et par le Cidef, le conseil des industries de défense françaises. Un résultat qui fait revenir la France à son niveau de 2011, au quatrième rang mondial des exportateurs d’armes, derrière les Etats-Unis, le Royaume-Uni, et la Russie.
En 2013, plusieurs gros contrats de plus de 200 millions d’euros ont été signés, passant en un an de trois à huit. Quant aux contrats inférieurs à ce montant, ils sont également en hausse de 20 %, à 4,05 milliards d’euros. En termes de clients, l’Arabie Saoudite est devenue le client privilégié de la France, derrière le Brésil.
Des commandes qui ont évidemment un effet sur le déficit commercial. Elles ont d’ailleurs pu le réduire de 5 à 8 % entre 2008 et 2013. Au niveau de l’emploi, le secteur reste également porteur. Il permet de faire vivre 40 000 salariés, dont 14 000 emplois directs et 13 500 indirects.
En parallèle de ces bons résultats, l’année 2014 s’annonce sous de moins bons auspices. Actuellement plusieurs contrats sont mis entre parenthèses. Celui d’une livraison d’armes au Liban pour un montant de 2,8 milliards d’euros, un autre contrat de missiles longue portée avec la Turquie, et bien entendu le contrat entre Dassault et l’Inde, de 126 chasseurs Rafale, pour un montant de 8,6 milliards d’euros.
La future division "Défense et espace", issue du rapprochement de Cassidian, Airbus Military et Astrium, devrait supporter l'essentiel de ces suppression de postes, avec 5 300 postes en moins, soit 13 % des effectifs. Les fonctions centrales d'administration seront également rabotées à hauteur de 500 postes. Enfin Airbus et Eurocopter s'en sortent sans casse.
L'annonce d'une telle restructuration est tombée lundi après-midi, avant même la fin du comité européen d'EADS, réuni pour l'occasion en Allemagne. C'est Tom Enders, le PDG de l'industriel, qui a confirmé ces chiffres. Ce plan s'accompagne également d'une rationalisation de certains sites européens, qui à l'image de ceux des Mureaux et d'Elancourt, gagneront en importance. Ces derniers deviendront d'ailleurs les pôles défense et espace du groupe.
"Nous devons renforcer la compétitivité de nos activités spatiales et de défense, et nous devons le faire maintenant" a notamment déclaré Tom Enders. La cause d'un tel plan est simple : du fait des baisses des budgets étatiques en matière d'armement ou de conquête spatiale, EADS doit compenser à l'export. Et pour cela, plusieurs solutions se sont présentées : réduire ses coûts, éliminer les duplications de produits et ressources, créer des synergies, mieux cibler les efforts de R&D du groupe. Ce qui passe par une restructuration profonde des effectifs.
En France, syndicats et politiques n'ont pas manqué de réagir rapidement à un tel plan social. La fédération métaux de Force Ouvrière, a notamment déclaré refuser "qu'EADS s'engage dans une logique purement financière avec comme seule volonté affichée un taux de rentabilité de 10 %". Côté politique, Michel Sapin, ministre du Travail, a soutenu, mordicus, lundi soir, et ce mardi matin, qu'il n'y aura "aucun licenciement" chez EADS. Affaire à suivre...