Fini le diesel ! Tel est le mot d’ordre de la Mairie de Paris, qui sous l’impulsion d’Anne Hidalgo, veut faire de Paris une ville propre. Après les mesures annoncées contre les automobilistes roulant au diesel, la municipalité de la capitale s’attaque aux transports en commun, et plus précisément aux bus, dont de nombreux roulent encore au diesel.
Commandés par la mandature précédente, celle de Bernard Delanoë, ces bus vont progressivement être remplacés par des bus électriques. C’est ainsi que la RATP et le STIF, le syndicat des transports en commun d’Île-de-France, ont annoncé le 10 décembre dernier avoir passé commande auprès de Bolloré, le père d’Autolib’, et désormais d’Utilib’, d’une dizaine de bus électriques, les Bluebus.
Long de 12 mètres, capables de transporter 90 passagers sur une distance de 180 km, ces bus propres devraient être mis en service fin 2015, ou début 2016. Une victoire supplémentaire pour l’entreprise bretonne. Bolloré, via sa filiale Bluebus, vient en effet de décrocher un contrat compris entre 10 et 40 millions d’euros.
La décision exaspère plus d’un partisan du feu de cheminée à Paris. Pourtant la Mairie de Paris ne compte pas reculer et souhaite bien interdire cette pratique, responsable selon elle d’une bonne partie de la pollution de l’air sur la capitale. Elle se heurte désormais à une adversaire inattendue, Ségolène Royal.
La ministre de l’Ecologie a en effet déclaré vouloir s’opposer à l’arrêté préfectoral interdisant les feux de cheminée dans les foyers de la région parisienne, estimant que cette décision est « ridicule » et « excessive ». Dès le 1er janvier prochain, normalement, il sera interdit de faire brûler du bois dans sa cheminée sous peine d’être sanctionné.
« Je vais faire changer cette décision qui ne va pas dans le bon sens » a pourtant précisé la ministre, interrogée sur France 2. « J’ai été moi-même très surprise, surtout des chiffres qui ont été utilisés. On nous a fait croire que les feux de cheminée polluaient plus que les voitures diesel » a-t-elle expliqué. Ajoutant « j’encourage en tant que ministre de l’Ecologie le chauffage au bois. La France est quand même la quatrième forêt européenne et il y a des poêles de chauffage au bois qui sont très performants ».
On ne sait pas si Ségolène Royal a voulu se mettre encore plus en froid avec les écologistes. Toujours est-il que ses déclarations au sujet des chiffres utilisés pour mesure la pollution de l’air sont fausses. Le problème est qu’Arparif, qui mesure la qualité de l’air à Paris, a repris toutes ses études et confirme le problème : la pollution automobile pollue l’air de la capitale à hauteur de 25 %, et le feu de bois à hauteur de 21 %.
La ministre fait de plus référence à une étude de l’UFC-Que choisir qui précise que les feux de bois émettent dix fois moins de particules fines que la circulation routière à Paris. Le problème est que les mesures de cette étude ont été réalisées aux abords du périphérique.
Trois ans après Autolib’, le service de voiture électrique parisien 100 % électrique, c’est au tour d’Utilib’ de voir le jour. Ce mardi 8 décembre, le maire PS de Paris, Anne Hidalgo, et Vincent Bolloré, le PDG du groupe Bolloré, ont présenté conjointement les nouveaux véhicules utilitaires 100 % électriques de l’entreprise bretonne.
Ces voitures en libre-service s’adressent plus particulièrement à un public professionnel et grand public. Elles offrent un coffre plus spacieux, de 900 litres, et acceptent une charge utile de 230 kg. Pas de quatre places ici, le véhicule est construit pour deux personnes. A noter qu’une grille sépare l’avant de l’arrière, comme sur un utilitaire classique.
A compter du mois de décembre, pas moins de 30 véhicules Utilib’ sont disponibles à la location. Bolloré a annoncé vouloir pousser le développement de ces voitures à une centaine, pour le printemps 2015. Pour accueillir ces véhicules, l’entreprise bretonne a précisé la construction de 250 places de stationnement dédiées supplémentaires.
Comme pour Autolib’, sont nécessaires pour s’inscrire au service un permis de conduire, une carte d’identité et une carte bancaire. L’abonnement d’un an a été annoncé au prix de 6 euros par mois. A noter la possibilité pour les professionnels qui possèdent déjà un véhicule électrique de pouvoir les recharger sur les stations d’Utilib’ pour 15 euros annuels, et 1 euro par heure le jour, 4 euros la nuit.
Anne Hidalgo a déclaré la croisade au diesel. Le maire de Paris souhaite l’éradiquer totalement de la capitale d’ici à 2020. « Je veux la fin du diesel à Paris en 2020, et si possible au-delà du périphérique » a-t-elle précisé au JDD, dimanche 7 décembre dernier. Ce carburant, responsable de la pollution aux particules fines, va donc connaître une série de mesures visant à le limiter dans un premier temps, puis carrément l’interdire, dans la capitale.
Parmi les mesures annoncées par Anne Hidalgo, la mention sur les cartes grises des voitures roulant au diesel, par une pastille ou une puce, du degré de pollution du véhicule. De plus, ces véhicules pourraient être tout bonnement interdits dans certaines zones de Paris. Enfin, le maire de Paris précise que les contrôles antipollution seront renforcées, et appelle au civisme de chacun.
En contrepartie de ces mesures restrictives, Anne Hidalgo promet des gestes en faveur d’automobilistes qui abandonneraient le diesel. Comme par exemple des abonnements Autolib, ou des réductions sur les pass Navigo. Les dernières déclarations du maire de Paris ne passent pourtant pas auprès des associations d’automobilistes qui dénoncent un plan idéologique et irrationnel.
Poursuivre le développement de l’électromobilité. Tel semble être la volonté du groupe Bolloré, qui a annoncé lundi 8 décembre vouloir installer 16 000 bornes de recharge pour voiture électrique en France. Le père d’Autolib a déposé ce dossier auprès du ministère de l’Economie, qui semble être séduit par la question.
Le projet représente néanmoins un investissement de 150 millions d’euros sur quatre ans pour le gouvernement. Mais qu’importe le coût, en plein débat sur les zones sans diesel dans Paris, et le maintien du bonus écologique pour l’achat d’un véhicule électrique. A ce sujet, Emmanuel Macron, le ministre de l’Economie, a précisé que le bonus à l’achat d’une voiture électrique de 6 300 euros, serait maintenu. Un bonus qui serait porté à 10 000 euros par le superbonus.
Ce projet veut évidemment inciter les Français, en parallèle de la politique gouvernementale, à passer au véhicule hybride ou électrique. Un épiphénomène pour l’instant, quand on sait qu’il existe actuellement, en France, environ 10 000 bornes, qu’elles sont souvent mal situées etc… Bolloré a précisé au sujet de son dossier qu’il n’y aurait pas un point en France avec une borne à moins de 40 kilomètres.