Les mesures annoncées pourraient bien être proportionnelles à la grogne qui anime le secteur des buralistes. Réunis jeudi 6 novembre pour leur congrès annuel, les buralistes veulent alerter le gouvernement sur leur mécontentement. Une grogne qui porte particulièrement sur les hausses successives des prix du tabac et sur la venue prochaine du paquet neutre.
Pour manifester leur colère, ils comptent notamment stopper la vente des timbres fiscaux (ce sont les seuls à pouvoir les vendre dans le commerce), voire fermer le rideau pendant quelques jours. Une manière de montrer qu’ils sont aussi responsables de la délivrance d’un service public, et qu’il ne sont pas seulement des vaches à lait pour le gouvernement.
La menace pour le gouvernement est réelle. Ce serait de plus une première dans l’histoire des bureaux de tabac français. Le gouvernement est donc attendu de pied ferme sur cette question, bien que l’affaire pourrait se retourner contre les buralistes. En effet le choc de simplification prévoit notamment la possibilité d’acheter ses timbres fiscaux… sur Internet.
A partir de demain, attendez-vous à voir votre facture d’électricité considérablement augmenter. D’après un arrêté tarifaire publié vendredi 31 octobre au Journal officiel, les prix de l’électricité augmenteront au 1er novembre, de 2,5 %. Une hausse qui résulte de l’application de la nouvelle formule de calcul des tarifs réglementés, à laquelle s’ajoute un rattrapage opéré sur les tarifs appliqués en 2012 et 2013.
On estime à 28 millions de foyers le nombre de ménages touchés par cette hausse. Une augmentation qui se décompose par une hausse principale de 1,6 % d’après la nouvelle méthode de calcul, suivie d’une augmentation de 0,9 % qui correspond au dit rattrapage des deux années précédentes.
Alors que les tarifs vont donc augmenter pour les particuliers, les professionnels auront la chance, eux, de les voir baisser de 0,7 %, en ce qui concerne les tarifs bleus. Les tarifs jaunes et verts professionnels augmenteront eux de 2,5 et 3,7 %. Mais en ce qui concerne les particuliers, cette dernière hausse représente une augmentation de 37 euros, en moyenne, pour une famille qui se chauffe à l’électricité.
D’après le baromètre du cabinet de recrutement Randstad publié mardi 28 octobre, le salaire moyen d’un salarié non-cadre s’élèverait, en France, à 1 541 euros bruts mensuels. Soit seulement 6,6 % de plus que le salaire minimum, le SMC. Chacun se fera sa propre idée sur un tel chiffre, ce qui est certain c’est que les salaires n’augmentent plus si fortement.
En effet, l’étude de Randstad précise que l’augmentation des salaires a tendance à ralentir. Au premier semestre de l’année 2014, les salariés non-cadres ont vu leur rémunération augmenter, sur un an, de 1,25 %, après 1,8 % en 2013, 2,2 % en 2012, et 2,4 % en 2011. La preuve par les chiffres que la hausse des salaires poursuit son ralentissement.
L’inflation, responsable de l’augmentation des prix, est pour l’instant trop faible pour que les salaires reprennent une hausse normale. Indépendamment de cela, comme les salaires des non-cadres sont relativement accolés au salaire minimum, quand ce dernier augmente, même légèrement, cela bénéficie aux autres. Alors que le SMIC a augmenté de 1,05 % au 1er janvier dernier, on observe que les salaires des non-cadres ont progressé de manière assez proche.
« Le gouvernement proposera prochainement un panel de mesures pour lutter contre les achats de tabac sur Internet » précisait Christian Eckert, le secrétaire d’Etat au Budget, face à l’Assemblée nationale, jeudi 23 octobre dernier. Avant d’ajouter que la lutte contre ces achats pourrait se traduire purement et simplement par une interdiction d’achat sur le web.
Dans la loi française, la vente de tabac en ligne est totalement proscrite. Cependant l’achat ne l’est pas formellement. Et même si de facto aucun site français ne propose de cartouches de cigarettes à vendre en ligne, des sites étrangers s’en donnent à coeur joie, et proposent le tabac à des prix souvent moins importants que dans l’Hexagone. En effet, ces sites ne sont pas soumis aux taxes françaises.
Et en France, dès lors qu’on touche aux taxes… Ces dernières représentent aujourd’hui plus de 80 % du prix du paquet sur le sol français. Le manque-à-gagner causé par les achats des fumeurs sur Internet serait estimé ainsi pour l’Etat à 400 millions d’euros chaque année, d’après les résultats d’un sondage du fameux cigarettier Philipe Morris.
Pour autant, l’Etat n’est pas le seul à vouloir restreindre cette pratique. Il s’agit également d’une vieille demande des buralistes qui y voient une concurrence nocive, et sauvage au niveau des prix, puisqu’eux sont bel et bien concernés par les hausses des prix décrétées par les pouvoirs publics, à la différence de ces sites étrangers.