La confiance n’est clairement pas au beau fixe chez les patrons de très petites entreprises. D’après un baromètre Fiducial publié vendredi par Le Figaro, seulement 18 % d’entre eux ont confiance dans le Premier ministre. Il s’agit ni plus ni moins d’un des plus mauvais scores signés par un chef de gouvernement, en France. Et il est attribué désormais à Manuel Valls.
Ce dernier a pourtant beau essayer de se montrer conciliant avec les entreprises, en multipliant les déclarations d’amour depuis des mois, rien n’y fait. Concrètement, les entrepreneurs ne font pas confiance à la politique économique du Premier ministre et de son gouvernement : réduction du déficit, question du chômage. Même le pacte de responsabilité ne fait pas l’unanimité, bien que la moitié des patrons interrogés estiment que baisser les cotisations des entreprises est une bonne idée.
L’enquête réalisée par Fiducial pour le Figaro précise enfin que même si le chef du gouvernement n’a pas la cote chez les patrons de TPE, les organisations patronales également. Les propositions de ces dernières peinent à séduire les petits patrons. A titre d’exemple, les propositions choc de Pierre Gattaz, le patron du Medef, ne recueillent que 1 % d’opinions favorables chez les dirigeants de TPE.
Après un léger repli durant le mois d’août, le chômage est reparti à la hausse à la rentrée. Les chiffres viennent de tomber, les demandeurs d’emploi ont augmenté de 0,6 % en septembre dernier. Une mauvaise nouvelle pour le gouvernement, déjà englué dans les questions de restrictions budgétaires à Bruxelles.
Interrogé jeudi sur BFMTV et RMC, Manuel Valls envisageait de mauvais chiffres, prévenant qu’il ne fallait pas s’attendre à de bonnes nouvelles. Il était dans le vrai. La France compte depuis le mois dernier 19 200 chômeurs de plus en catégorie A. On compte désormais 3 432 500 demandeurs d’emploi dans cette catégorie.
Si l’on prend en compte les demandeurs d’emploi ayant exercé une activité réduite au cours du mois dernier, la hausse est encore plus nette. Ces derniers ont augmenté de 1 % en septembre, à 50 200 personnes supplémentaires.
Le ministre du Travail, François Rebsamen, a réagi via un communiqué, expliquant que « les réformes ont besoin de temps pour produire leurs effets ». Mais à quelques jours du milieu du mandat de François Hollande, cette augmentation historique des chiffres du chômage fait tâche sur le bilan du président de la République.
Il fallait bien désamorcer une polémique (de plus) naissante.
L’exécutif vient d’effectuer un nouveau bond en arrière. Lundi 13 octobre, l’Elysée a annoncé que les négociations autour de la réforme de l’assurance-chômage, réforme destinée à endiguer le déficit croissant de cette branche, n’auraient pas lieu immédiatement, mais « le moment voulu ». Une manière de mettre fin, ou de reporter, c’est selon, une polémique née ces derniers jours de la bouche d’Emmanuel Macron.
Le ministre de l’Economie avait en effet déclaré que le gouvernement avait six mois pour réformer l’assurance-chômage. A ce sujet, il ne doit « pas y avoir de tabou ni de posture » avait-il précisé au JDD. Ajoutant que « l’assurance-chômage est en déficit de 4 milliards d’euros; quel responsable politique peut s’en satisfaire ? »
Pour éviter de voir monter au créneau les partenaires sociaux, et les associations de chômeurs, l’Elysée s’est ainsi fendu d’un communiqué lundi, précisant que « s’agissant de l’assurance-chômage, il y a bien un problème de déficit, mais la négociation sur le sujet viendra le moment venu, pas immédiatement ».
Reste que le sujet semble diviser l’exécutif. Ces derniers propos de l’Elysée montrent que c’est bien François Hollande qui veut être maître du calendrier politique, et qu’il ne compte pas laisser de marge de manoeuvre à ses ministres. Jeudi dernier, le chef de l’Etat avait déclaré qu’il y avait « suffisamment de sujets pour que nous soyons bien occupés et que nous montrions que nous faisons des réformes utiles à l’emploi ». Une manière de tacler Manuel Valls qui aurait affirmé que le montant et la durée de l’indemnisation-chômage devait être revue.