Journal de l'économie

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​Cabinets de curiosités





Le 18 Juillet 2019, par Christine de Langle

Du 23 juin au 3 novembre 2019, Landerneau



L’économie au service de l’art

Le Fonds pour la culture Hélène et Édouard Leclerc (FHEL) a été créé en 2011 sous la forme d’un fonds de dotation, nouvel outil législatif issu de la loi de modernisation de l’économie de 2008. Il a pour but principal de financer des expositions accessibles au plus grand nombre et portant sur l’art moderne et contemporain.

C’est à Landerneau que cette aventure culturelle est née, lieu historique à plus d’un titre, un ancien couvent des Capucins et ses bâtiments du 17e siècle dans lequel s’ouvre en 1949 le premier magasin Leclerc. Depuis 2012, des expositions de grande envergure (deux par an) consacrées à Miro, Giacometti, Chagall, Picasso, Hartung, Henry Moore et plus récemment à Mitchell-Riopelle, présentent dans un espace de 1000 m2 les artistes sous un angle original grâce à l’ambition des commissaires d’expositions et la générosité des prêteurs internationaux.
Domenico Remps, Scarabattolo, 1690_avec l'autorisation du ministère des Biens et Activités Culturelles-Muséo dell'Opificio delle
Domenico Remps, Scarabattolo, 1690_avec l'autorisation du ministère des Biens et Activités Culturelles-Muséo dell'Opificio delle

Curiosités et collections

Symbole de la culture Renaissance et baroque, le cabinet de curiosité réunit des objets précieux ou extraordinaires, des formes inattendues de la nature et des productions de pays lointains. Il traduit la soif de connaissance et l’ambition esthétique de son propriétaire. Cet amour du bizarre sera repris par le surréalisme.

L’exposition présente des collections publiques (Muséum d’histoire naturelle à Paris ou Galerie des Offices à Florence), des collections privées (merveilleux automates de la Galerie Kugel ou la collection Hermès consacrée au cheval et au voyage), des collections d’artistes (Théo Mercier ou Miquel Barcelo) qui transforment désordre ou accumulation en modernes cabinets de curiosité.

Laurent Le Bon, Président du Musée Picasso-Paris, et commissaire de l’exposition, lui-même passionné de cabinets de curiosité, a donné carte blanche aux collectionneurs qu’il a sollicités. À eux de choisir ce qu’ils souhaitaient exposer. Le visiteur entre dans un parcours ouvert qui sollicite sa curiosité et le pousse à choisir son propre cheminement, de la Vénus anatomique des collections de la faculté de médecine de Montpellier au Poulpe dégoulinant de Thomas Feuerstein, propriété d’Antoine de Galbert. De ce collectionneur « inexistant » qui se cache derrière une accumulation d’objets, mais qui sont pour lui autant d’explications du monde et de sa complexité, à la collection d’art sacré du couple Leclerc présentée dans la chapelle pour la première fois ouverte au public.
Horloge à automate figurant un dromadaire monté_Augsbourg, v 1595-
Horloge à automate figurant un dromadaire monté_Augsbourg, v 1595-


La collection, bien matériel dans une société de l’immatériel

Scarabattolo (Cabinet de curiosités) peint par Domenico Remps en 1690 accueille le visiteur. Pour connaître le monde et ses merveilles, il faut les posséder. Le crâne peint nous rappelle que le temps passe et que la connaissance disparaîtra, car nous sommes tous mortels. La dernière salle présente la collection de sabliers de Jacques Attali, le temps passe irrémédiablement. Dans une salle proche, Andreas Gursky décrit la consommation de masse comme une immense collection dématérialisée : Amazon, photo de 2016, figure un immense entrepôt du géant du commerce électronique. Seules les injonctions « work hard », « have fun » et « make history » évoquent une présence humaine.

Au-delà des objets réunis par le collectionneur, pourquoi collectionne-t-il ? Dans un quotidien marqué par un flux incessant de mobilité, de consommation partagée, que représente une réunion d’objets qui ont tous été choisis ? N’est-ce pas une prise de conscience ? Un arrêt sur image, une volonté de faire notre propre inventaire du monde pour dire qui nous sommes, ce que nous voulons partager et ce que nous voulons transmettre ?
Collection Patrick Mauriès_Photo Jean-Marie del Moral (2)
Collection Patrick Mauriès_Photo Jean-Marie del Moral (2)

 

Christine de Langle


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