Achat de SFR : tout le monde veut prêter à Numericable




Le 24 Avril 2014, par Aurélien Delacroix

L'acquisition de SFR par Numericable va nécessiter de Patrick Drahi un gros chèque de 17 milliards d'euros en tout. Le patron d'Altice, maison-mère du cablo-opérateur, n'aura aucun mal à financer cette somme.


Pour payer Vivendi, Drahi avait prévu de lever 12 milliards d'euros de dette. Malgré les défis engendrés par cette acquisition et le fait que Numericable soit considéré comme un placement à risque par les agences, les financiers sont prêts à investir 100 milliards de dollars, soit 70 milliards d'euros, dans cette levée de fonds… sept fois que ce que demande Altice ! Il y a donc un réel engouement pour l'opération.
 
De fait, Numericable s'est endetté à hauteur de 8 milliards, Altice de 4 milliards. Il faut dire que l'entreprise a eu la main lourde sur les taux d'intérêt : les titres, d'une maturité de 5, 8 et 10 ans ont un rendement compris entre 7,25% et 7,75%. De quoi effectivement donner envie de prêter à Altice/Numericable… On est loin du taux réduit du Livret A !
 
Il faudra toutefois que les investisseurs se montrent patients. Le nouvel attelage SFR/Altice ne devrait pas être rentable avant au moins 2016, peut-on lire dans un document interne. Un mémo qui ne prend pas en compte un des scénarios possibles dans le paysage très fluide des opérateurs de téléphonie en France : la fusion de Bouygues avec Free. Si le trublion réussissait à récupérer le réseau 4G de Bouygues, le plus étendu en France, il serait à même de casser une fois de plus le marché avec un forfait pas cher, réduisant les marges de la concurrence qui aura l'obligation de s'aligner.
 
Or, SFR a des obligations d'investissement dans la fibre et la 4G, sans compter les engagements en matière d'emploi, et le poids de sa dette. Tout cela sera t-il tenable ?