Air France : la guerre des « slots » entre Paris et Bruxelles




Le 8 Février 2021, par François Lapierre

La recapitalisation d'Air France constitue une pierre d'achoppement entre Paris et Bruxelles. L'enjeu est de taille : la compagnie aérienne veut conserver un maximum de « slots » à Orly.


Des créneaux horaires très convoités

À l'aéroport d'Orly, les « slots », autrement dit les créneaux horaires de décollage et d'atterrissage, sont précieux puisqu'ils sont limités à 250.000 mouvements par an. Air France en détient une bonne part, et la compagnie aérienne veut en garder le maximum possible : Transavia, sa filiale low cost qui opère principalement depuis Orly, sera indispensable pour rebondir dans les prochains mois. Mais la Commission européenne exige qu'Air France abandonne 24 de ces slots par jour, ce qui représente 9.000 créneaux horaires annuels en moins pour Air France et pour Transavia.

C'est la contrepartie exigée par Bruxelles pour autoriser le projet de recapitalisation mis sur la table par le gouvernement français. Air France, fortement touchée par la crise sanitaire, a besoin de cet apport d'argent frais pour se relancer, via un montage complexe visant à empêcher l'État français de dépasser la part qu'il détient dans l'entreprise (14,3 %). Les trois milliards d'euros accordés par les pouvoirs publics français l'an dernier vont se transformer en capitaux propres.

Tensions sur la ligne

La Tribune rapporte des tensions entre Paris et Bruxelles sur cette question des slots : la Commission accepte la recapitalisation, mais en contrepartie de l'abandon de 24 slots à Orly. Ce n'est pas une surprise, les autorités européennes ayant exigé la même chose du gouvernement allemand pour Lufthansa : la compagnie aérienne a abandonné le même nombre de créneaux à Munich et à Francfort. Mais le gouvernement français fait valoir qu'Orly boxe dans une autre catégorie que les deux aéroports allemands.

Bruxelles demande la même chose pour KLM à l'aéroport Amsterdam Schiphol, dont le nombre de créneaux horaires est également limité. Les autorités néerlandaises ont refusé cette exigence, contrairement à celles françaises qui négocient. KLM doit convertir un milliard d'euros de prêts en capital propre.


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