Amazon surveille ses salariés et écope d'une amende de 32 millions d'euros




Le 24 Janvier 2024, par François Lapierre

Amazon France Logistique, branche du géant américain de la vente en ligne, a été condamnée à une amende de 32 millions d’euros par la CNIL pour avoir mis en œuvre un système de suivi des activités de ses employés jugé excessivement intrusif.


Surveillance excessive des salariés d'Amazon

La Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) a identifié que le système de surveillance mis en place par Amazon France Logistique, notamment à travers l'utilisation de scanners dans ses entrepôts, était excessivement intrusif. Ces scanners, utilisés pour la gestion des stocks et des commandes, enregistraient en détail l'activité des employés, incluant la qualité et la productivité, ainsi que les périodes d'inactivité. 

Des indicateurs tels que le « Stow Machine Gun », mesurant la vitesse de scan des articles, et le « idle time », enregistrant les périodes d'inactivité des scanners, ont été jugés particulièrement intrusifs. La décision de la CNIL fait suite à des contrôles et à des plaintes de salariés, révélant l'ampleur de la surveillance. Elle pointe du doigt la conservation de données détaillées pendant 31 jours, une pratique jugée disproportionnée, même compte tenu des objectifs de performance élevée d'Amazon.

La sanction financière imposée à Amazon s'accompagne de la mise en évidence de plusieurs manquements au Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD). Parmi eux, le non-respect du principe de minimisation des données, le traitement des données, et des failles dans l'obligation d'information et de transparence. En effet, jusqu'en avril 2020, la politique de confidentialité n'était pas systématiquement communiquée aux intérimaires.

Manquements multiples et implications légales

De plus, des manquements relatifs à la vidéosurveillance ont été identifiés, notamment concernant l'information des employés et la sécurité des accès aux images vidéo. La CNIL a souligné que le mot de passe d'accès au logiciel de vidéosurveillance n'était pas suffisamment robuste et que le compte était partagé entre plusieurs utilisateurs, compromettant ainsi la traçabilité et la sécurité des données.

Cette affaire met en lumière la problématique du respect de la vie privée des employés face aux impératifs de performance et de sécurité des entreprises. Bien que la CNIL reconnaisse la nécessité pour Amazon de suivre certaines activités pour garantir la qualité de service et la sécurité dans ses entrepôts, elle estime que le niveau de surveillance mis en œuvre par l'entreprise était excessif et intrusif.

La décision de la CNIL constitue un avertissement pour les entreprises quant à la gestion équilibrée de la surveillance des employés, soulignant la nécessité de respecter les droits fondamentaux des travailleurs tout en atteignant les objectifs commerciaux et opérationnels. Il s'agit d'un rappel important de l'importance du respect des normes légales et éthiques dans l'utilisation des technologies de surveillance au travail.


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