Brexit : pour Emmanuel Macron, les 27 ne sont pas là pour faire plaisir à Boris Johnson




Le 19 Octobre 2020, par François Lapierre

L'étau se resserre sur les négociateurs européens et britanniques sur le dossier épineux de l'accord commercial post-Brexit. Chacun joue ses cartes, sans que personne ne puisse assurer d'une issue favorable.


Au-delà de la question des eaux de pêche

Boris Johnson, le Premier ministre britannique, a mis les points sur les « i » il y a quelques jours, en demandant à ses compatriotes de se préparer à l'éventualité d'un « no deal », l'absence d'accord commercial entre le Royaume-Uni et l'Union européenne. De nombreux points de blocage subsistent, sur les eaux de pêche mais aussi sur bien d'autres. À l'issue d'un sommet européen, Emmanuel Macron a explique que le problème était « loin d'être seulement la pêche, il est beaucoup plus fondamental » : « l'état de nos discussions n'est pas que nous serions en train d'achopper sur la pêche, c'est un sujet tactique utilisé par les Britanniques, car en cas de no deal ce serait le seul sujet ou Boris Johnson pourrait dire: j"ai gagné" », selon le président français.

Le sujet de la pêche qui revient en boucle dans les médias anglais représente pour l'UE 750 millions d'euros. En comparaison à d'autres marchés, c'est une somme relativement modeste. « Nous ne pouvons pas non plus accepter un Brexit qui sacrifie les pêcheurs européens, à commencer par les pêcheurs français », a fait valoir Emmanuel Macron. Malgré tout, l'Union européenne se dit prête à négocier sur ce point, à condition d'obtenir de Londres une visibilité sur la durée ainsi qu'une réciprocité.

Londres doit faire des concessions, selon les 27

Mais pour Paris, le problème principal sont les règles de concurrence loyale. « Notre proposition, qui correspond à notre accord avec la Suisse, c'est l'accès au marché unique en contrepartie du respect de nos règles sanitaires, environnementales, sociales, en matière d'aides d'Etat. La proposition des Britanniques est l'accès au marché unique sans respect des règles ». Et évidemment, c'est inacceptable pour la France. « Les 27 n'ont pas vocation à rendre heureux le Premier ministre de Grande-Bretagne », a plaisanté le chef de l'État.

En attendant, les négociations se poursuivent entre Michel Barnier, le représentant de l'UE, et David Frost, son homologue anglais. Ce lundi, les deux parties doivent trouver un terrain d'entente sur le format des discussions. On va discuter de la forme, mais le fond reste lui toujours aussi tendu, les 27 réclamant du Royaume-Uni des concessions pour arracher un accord commercial.


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