Comme un oiseau




Le 7 Octobre 2022, par Nicolas Lerègle

Le jazz est une musique qui s’accorde parfaitement au cigare et au breuvage pouvant accompagner celui-ci. Mais attention pas n’importe comment. De même que le musicien va peaufiner ses instruments et répéter sa partition, de même l’auditeur doit se mettre dans les meilleures dispositions de corps et d’esprit pour savourer ce moment. Au fond, on ne va pas savourer la même alliance cigare/boisson pour écouter Miles, Stan, Charlie, Dexter et autres. Cela va être notre propos prétexte durant quelques chroniques.


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Non il ne s’agit pas de parler de Marie Myriam dernière victoire française à l’Eurovision, mais du seul oiseau qui vaille dans le monde musical en général et du jazz en particulier à savoir « the Bird » magnifié entre autres par le film de Clint Eastwood à savoir Charlie Parker.

Sa musique est autant celle d’un homme, lui, que de ceux avec lesquels il a su s’associer pour éditer des disques d’une modernité jamais démentie. Tous les plus grands noms ont souhaité être associés à celui qui allait avoir une existence éphémère (décès à 35 ans) faite de hauts artistiques et de bas personnels. C’est comme Chet Baker un temps où le jazzman est tout de rupture avec un monde qui ne le comprend pas voire le rejette et l’amène à rechercher dans l’alcool ou la drogue des échappatoires mortifères.

Maintenant écouter Charlie Parker c’est pénétrer dans un univers magique qui dans un seul album, le mythique, Jazz at Massez Hall (concert et enregistrement de 1953) fait se côtoyer outre the Bird, Dizzie Gillepsie, Bud Powell, Charles Mingus et Max Roach pour un moment ayant peu d’équivalents dans l’histoire du jazz et donc de la musique du XXe siècle.

L’écouter c’est comprendre que les assemblages réussis sont merveilleux à l’oreille et qu’il convient de les accompagner avec toute l’attention requise. Pendant un peu moins d’une heure, on se doit de se procurer une alliance qui sera jazzy et à la hauteur du moment.
Au risque de surprendre un pineau des Charentes (le12 ans de Jules Gautret) fruit lui-même d’une alliance improbable entre le moult de raisin et le cognac constitue un partenaire idéal.

Sa douceur en bouche (personnellement je le consomme avec deux glaçons) apporte un tempo apaisant venant couler dans votre gorge au rythme d’un saxophone inspiré. Si en plus on est en mesure de s’allumer un Partagas P2 on frôle une perfection.

L’oiseau s’est envolé à 35 ans comme un Icare de la musique après avoir tutoyé trop de soleils pour ne pas s’être brûlé.  Alors même si Marie Myriam n’est pas ma tasse de thé, je sais que je suis, à l’écoute de ce disque de 1953, « comme un enfant aux yeux de lumière, qui voit passer au loin les oiseaux ».


L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.