Cryptomonnaies : la Banque de France veut une réglementation européenne




Le 1 Juillet 2021, par Aurélien Delacroix

Alors que les cryptomonnaies connaissent un essor sans précédent, François Villeroy de Galhau tire la sonnette d'alarme. Pour le gouverneur de la Banque de France, il est temps que l'Europe légifère sur ces actifs numériques, au plus vite.


La menace des crypto-actifs

La souveraineté monétaire de la zone euro est en danger, a déclaré François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, durant le colloque annuel Paris Europlace. L'Europe doit mettre en place le plus rapidement possible un cadre réglementaire pour les cryptomonnaies. Il y a urgence : « il ne nous reste plus beaucoup de temps, un ou deux ans », a-t-il souligné. Les crypto-actifs menacent la position internationale de l'euro, craint-il.

« Qu'il s'agisse des monnaies numériques ou des paiements, nous, en Europe, devons être prêts à agir aussi vite que nécessaire, ou prendre le risque d'une érosion de notre souveraineté monétaire », explique le responsable. Le risque de voir les cryptomonnaies proliférer (des actifs décentralisés, sans banque centrale pour les soutenir et les superviser) est que « l'Europe perde son élan ». Et il ne s'agit pas que d'orgueil blessé, puisque ces crypto-actifs pourraient affaiblir « non seulement [la] volonté de renforcer le rôle international de l'euro, mais même (…) sa préservation ».

Vers un euro numérique ?

Les bitcoins et autres monnaies numériques représentent donc une menace existentielle pour la monnaie unique européenne. C'est pourquoi François Villeroy de Galhau exhorte l'UE à l'adoption d'un cadre réglementaire dans les mois à venir pour réglementer les crypto-actifs. Ailleurs dans le monde, on n'a pas attendu l'Europe pour agir : la Chine a d'ores et déjà lancé son yuan numérique et légifère très fortement contre les cryptomonnaies.

Le contexte est favorable à la diffusion des actifs numériques. Les espèces sont de moins en moins utilisées, remplacées par des paiements dématérialisés qui ont explosé à la faveur de la crise sanitaire. Pour le gouverneur de la Banque de France, le risque est d'une marginalisation de l'usage de la monnaie de banque centrale.