Dette, déficit : plongeon vertigineux des finances publiques




Le 10 Avril 2020, par Aurélien Delacroix

Un désastre économique, c'est ce qui attend la France au lendemain de la crise sanitaire. Bruno Le Maire et Gérald Darmanin ont dressé un tableau très sombre de la situation.


Un plan d'urgence à 100 milliards d'euros

La croissance devrait se contracter de 6% en 2020, selon les deux ministres résidents de Bercy. Dans un entretien aux Echos, les ministres de l'Économie et des Comptes publics ne se sont pas cachés derrière leur petit doigt pour décrire la situation de l'économie française. « Il s'agit de la plus grande récession en France depuis 1945 », annonce Bruno Le Maire. Et la contraction de la contraction du produit intérieur brut pourrait s'accroître si la sortie du confinement met plus de temps que prévu. Quant à la reprise, elle ne pourra être que progressive : « Les touristes ne reviendront pas du jour au lendemain (…) Dans l'industrie, les chaînes de production peuvent être très longues à rétablir », explique encore le ministre de l'Économie.

Les mesures mises en place par le gouvernement pour soutenir les entreprises et les salariés — chômage partiel, report des échéances fiscales et sociales, fonds de solidarité… — vont coûter plus du double de l'enveloppe prévue précédemment. De 45 milliards d'euros, le plan d'urgence va passer à 100 milliards. Le budget pour le chômage partiel est désormais de 20 milliards, contre 8,5 milliards. Le fonds de solidarité, qui a été demandé par plus de 700.000 entreprises, sera abondé à hauteur de 6 milliards, au lieu d'un milliard d'euros. 

La dette explose à 112% du PIB

Il faut aussi financer les achats de matériel sanitaire : l'enveloppe est désormais de 4 milliards d'euros, contre un milliard. Les personnels de santé et les fonctionnaires bénéficieront d'une prime dont les contours sont encore en arbitrage. Ces nouvelles dépenses vont faire plonger les comptes publics : le déficit va ainsi s'établir à 7,6%, bien au-delà du seuil des 3% de Bruxelles. Le déficit sera de 170 milliards d'euros, quasiment le double des estimations d'avant la crise (93 milliards).

La dette explose elle aussi. Alors que le cap des 100% du PIB a été atteint en septembre dernier, la dette passera à 112%. À l'origine, c'est-à-dire avant l'épidémie de coronavirus, elle aurait dû se limiter à 98%. Mais les choses sont aujourd'hui bien différentes. « Cette dette répond à un impératif: éviter les faillites d'entreprises et le naufrage de notre économie. Sur le long terme, il est nécessaire de disposer de finances publiques saines et de réduire la dette », a justifié Bruno Le Maire.