EPR en Grande-Bretagne : la Chine, véritable gagnant ?




Le 21 Octobre 2013, par Adrien Morin

La signature, le lundi 21 octobre, d’un accord entre EDF et le gouvernement britannique pour la construction et l’exploitation de deux réacteurs EPR dans l’Est de l’Angleterre renforce la primauté d’EDF outre-Manche. Mais la grande nouveauté de cet accord, c’est aussi et surtout l’entrée fracassante qu’effectue la Chine sur le marché énergétique européen.


Un simple investisseur ?

L’énergie nucléaire a largement été plébiscitée en raison de son faible coût. Et si les négociations ont pris environ un an, c’est précisément à cause de l’augmentation du prix de cette énergie et la recherche d’un consensus autour de son prix de vente. EDF et le gouvernement britannique se seraient accordés sur un coût approximatif de 92,5 livres par MWh, même si Londres visait de passer sous la barre des 90 livres. Ce prix, qui en fait deux fois plus élevé que le prix du marché actuel, s’inscrit dans une prévision du coût de 2020, mise en service du premier réacteur. Mais le coût de 19 milliards d’euros de ce chantier pose problème. Et c’est là l’originalité de ce contrat : EDF, endetté à plus de 34 milliards de dollars, ne peut assurément pas prendre en charge seul le coût des deux nouveaux réacteurs. Mais surtout, les deux principaux groupes nucléaires chinois CGN et CNNC participeront également au financement de ce projet. L’investissement chinois s’élèvera à 30 ou 40% du total du projet, tandis qu’EDF, maître d’œuvre, devrait participer aux frais, pour sa part, à hauteur de 45 ou de 50%. C’est loin d’être un non-évènement.


Naissance d’un partenariat

La construction des EPR s’inscrit dans le renforcement d’un partenariat économique étroit de la Grande-Bretagne avec la Chine, dans le cadre global de l’ouverture à la concurrence du marché européen de l’énergie. Ainsi, George Osborne, en visite en Chine, a déclaré, il y a quelques jours, que la Grande-Bretagne « autorisera des participations chinoises, y compris d'éventuelles participations majoritaires, dans le développement de la nouvelle génération du parc nucléaire britannique ». Il a par ailleurs estimé que la signature de l’accord constitue « une nouvelle grande étape dans la relation entre le Royaume-Uni, la plus vieille puissance nucléaire civile, et la Chine, le pays où la croissance du secteur nucléaire est la plus forte ». La participation des groupes publics chinois à ce grand chantier s’inscrit dans la continuité d’un accord conclu entre les deux pays, concernant notamment le secteur du nucléaire civil. La Chine ne cache d’ailleurs pas son ambition de briguer une place plus importante sur la scène du nucléaire civil mondial, puisqu’elle a lancé la construction de 25 réacteurs nucléaires sur son propre sol. Ce grand chantier apparaît comme le fruit d’une collaboration de longue date avec les entreprises françaises.