En Espagne, Ouigo accusé de concurrence déloyale




Le 3 Avril 2024, par La rédaction

Depuis son arrivée en Espagne en 2021, la compagnie ferroviaire à bas coûts Ouigo, filiale de la française SNCF, est sous le feu des critiques du ministère espagnol des Transports. L'accusation principale porte sur une politique tarifaire considérée comme insoutenable, accusant Ouigo de vendre ses billets à perte dans le but de gagner des parts de marché au détriment de Renfe, la compagnie nationale espagnole.


Des prix en chute libre, un modèle économique en question

Óscar Puente, le ministre des Transports, a ouvertement critiqué Ouigo, arguant que la compagnie pratiquait des tarifs « très en dessous » du coût réel des voyages en train à grande vitesse. Cette situation a conduit le gouvernement espagnol, dirigé par Pedro Sánchez, à envisager une action devant la Commission nationale des Marchés et de la Concurrence (CNMC). 

Bien que la libéralisation du marché ferroviaire ait entraîné une baisse globale des prix, bénéfique pour les consommateurs, elle a également réduit les marges à un niveau jugé préjudiciable pour les acteurs du marché, notamment Renfe et ses concurrents Ouigo et Iryo, filiale de la compagnie publique italienne Trenitalia.

Ouigo au cœur de la polémique en Espagne

La SNCF, sollicitée pour commentaires, a rappelé les propos d'Alain Krakovitch, président de Ouigo España, qui soulignait le mois dernier que le modèle économique de la compagnie reposait sur des économies d'échelle permises par l'usage de rames duplex de grande capacité. Le dirigeant avait également mis en avant l'impact positif de Ouigo en termes de démocratisation de l'accès au train, avec plus de 50% de nouveaux clients ferroviaires. 

Cette approche, toutefois, est vue d'un œil critique par le gouvernement espagnol, qui, selon des informations relayées par La Vanguardia, estime que la stratégie tarifaire de Ouigo ne serait pas viable sans le soutien du gouvernement français, la SNCF étant une entreprise d'État.

La situation ferroviaire en Espagne révèle les tensions inhérentes à un marché libéralisé où la concurrence entre acteurs nationaux et internationaux redéfinit les règles du jeu. Le gouvernement espagnol se retrouve à la croisée des chemins, devant concilier intérêts nationaux, exigences de compétitivité et protection des consommateurs.