Ile-de-France Mobilités gèle le paiement à la SNCF et à la RATP




Le 8 Juillet 2020, par François Lapierre

Bataille ouverte entre les pouvoirs publics et Ile-de-France Mobilités. L'autorité en charge des transports en commun franciliens a décidé de geler les versements auprès de la SNCF et de la RATP.


Menace mise à exécution

Ile-de-France Mobilités a mis sa menace à exécution, en cessant ce mercredi 8 juillet de payer la SNCF et la RATP. Au premier semestre, l'autorité a versé aux deux entreprises publiques un total de 2 milliards d'euros, mais selon Valérie Pécresse, présidente de l'organisation et présidente de la région Ile-de-France, le service n'a été assuré qu'à 30% durant la période. La SNCF et la RATP auraient donc bénéficié d'un trop perçu de 600 millions d'euros. Pour parer au plus pressé, les deux opérateurs devront puiser dans leur trésorerie afin d'assurer leur mission de transport auprès des Franciliens. Et si la situation devait perdurer, les projets d'investissements seraient tout simplement gelés, prévient Valérie Pécresse.

Ile-de-France Mobilités réclame du gouvernement la compensation des pertes en lien avec la crise sanitaire. La région estime que le manque à gagner s'établit à 2,6 milliards d'euros pour cette année, une somme qui comprend 1,6 milliard pour les recettes perdues en raison de la fréquentation des transports en commun qui a brutalement chuté, ainsi qu'un milliard pour le versement mobilité. À l'heure actuelle, le gouvernement a proposé une compensation de 425 millions d'euros : un gouffre.

Une compensation de 425 millions d'euros

L'autorité pourrait compenser le manque à gagner en augmentant le prix des abonnements mensuels. Mais l'estimation donnée (20 euros pendant cinq ans) ne satisfait pas la région. Hors de question que les voyageurs paient la « facture COVID », a martelé Valérie Pécresse qui rappelle que dans d'autres pays, c'est l'État qui a pris à sa charge le manque à gagner dans les transports en commun. Elle appelle le gouvernement à se mettre autour d'une table pour trouver une solution à la « gravissime crise des transports publics ».

Jean-Baptiste Djebbari, tout nouveau ministre des Transports, est monté au créneau : le versement de 425 millions est un acompte visant à parer le plus urgent. Il y a donc de l'espoir, même s'il s'inscrit en faux devant le décompte d'Ile-de-France Mobilités. Selon lui, la somme tourne autour de 1,7 ou 1,8 milliard d'euros. Beaucoup d'argent dans un cas comme dans l'autre. Le bras de fer se poursuit.