Immobilier : le DPE pas en phase avec la réalité




Le 12 Janvier 2024, par La rédaction

Une étude révèle des écarts importants entre les estimations de consommation d'énergie des logements fournies par les Diagnostics de Performance Énergétique (DPE) et la réalité, ce qui soulève des questions sur leur fiabilité.


Diagnostic de performance énergétique : un outil contesté

L’étude du Conseil d’analyse économique et de Crédit Mutuel Alliance Fédérale a mis en lumière des lacunes importantes dans les Diagnostics de Performance Énergétique (DPE). Ces diagnostics, obligatoires pour la vente ou la location d'un logement depuis 2006, visent à évaluer la consommation d'énergie et l'impact en termes d'émissions de gaz à effet de serre. Cependant, l'étude souligne un écart marqué entre la consommation énergétique théorique estimée par les DPE et la consommation réelle.

L'analyse, basée sur un échantillon de 178.110 ménages et utilisant des données bancaires pour évaluer la consommation réelle, révèle que la progression de la consommation d'énergie en fonction de la performance énergétique est beaucoup moins prononcée que ce que les DPE prévoient. Par exemple, un logement classé G consomme en réalité 85% de plus qu'un logement classé A ou B, alors que le DPE estime une consommation 560% plus élevée.

L'étude met en avant le rôle des comportements des occupants des logements dans cette divergence. Selon les auteurs, les habitants tendent à ajuster leur demande de confort thermique en fonction des caractéristiques de leur logement. Ainsi, dans un logement moins performant, les occupants réduisent souvent leur consommation énergétique pour des raisons économiques, tandis que dans un logement très performant, on observe un « effet rebond » où la consommation réelle dépasse les estimations.

Vers un réajustement du DPE ?

De plus, il est relevé que la différence de consommation d'énergie réelle est moins prononcée dans les logements de plus de 80 m², indépendamment de leur classe énergétique. Cette observation suggère que les grandes surfaces présentent des particularités qui ne sont pas adéquatement prises en compte dans les DPE actuels.

Face à ces constatations, l'étude recommande de rechercher des améliorations et une homogénéisation du processus de DPE. Elle souligne également la nécessité d'encourager des comportements de sobriété énergétique, particulièrement parmi les ménages aux revenus élevés et les occupants de logements performants.

L'étude critique aussi la méthode 3CL réformée en 2021, pointant une évaluation incohérente selon la superficie des logements et la possibilité de manipuler des résultats du DPE. Cette situation pose un sérieux problème pour la fiabilité de ces diagnostics, souvent utilisés pour valoriser un bien immobilier. Des enquêtes de consommateurs ont déjà alerté sur les incohérences des diagnostics pour un même logement, variant significativement en fonction de qui pose le diagnostic.


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