L'Argentine en défaut de paiement virtuel




Le 23 Décembre 2019, par Aurélien Delacroix

C'est la première crise économique à laquelle fait face le président argentin élu fin octobre : Alberto Fernandez a confirmé que le pays était en « défaut de paiement virtuel ».


Une dette de 9 milliards de dollars reportée au mois d'août

L'Argentine revit ses vieux démons. Le pays est en effet en situation de « défaut de paiement virtuel », a annoncé le président Alberto Fernandez à la télévision. Quelques jours auparavant, les agences de notation Fitch et S&P ont abaissé la note de la dette du pays au niveau RD, autrement dit « défaut sélectif ». Les autorités argentines n'ont pu que suivre les agences, alors que la dette du pays représente 90% du produit intérieur brut, soit 330 milliards de dollars dont 44 milliards auprès du FMI. L'Argentine devait rembourser en fin de semaine dernière 9 milliards de dollars libellés en dollars américains, un remboursement finalement renvoyé au mois d'août. Alberto Fernandez déplore ne pas pouvoir payer les « obligations qui tombent ».

Le nouveau président, élu le 27 octobre et au pouvoir depuis le 10 décembre, explique toutefois que la situation est différente qu'en 2001, lorsque l'Argentine s'était déclarée en défaut de paiement sur sa dette publique. Le taux de pauvreté, à l'époque, était de 57% ; il est actuellement de 41%, souligne-t-il. Mais le pays manque de dollars américains : les ménages les plus aisés épargnent dans la devise américaine, en particulier en temps de crise. En conséquence, le peso argentin plonge, précipitant le pays dans les difficultés.

Le pays en quête de dollars américains

Le chef de l'État a expliqué que l'Argentine avait besoin que les dollars entrent à nouveau dans l'économie, et que ces dollars fassent partie des réserves de l'État, sinon « il est impossible d'envisager de faire face aux obligations qu'a contractées le pays ». C'est le cas aujourd'hui avec ce défaut virtuel sur une dette de 9 milliards de dollars.

Samedi dernier, le Congrès a voté une loi relevant la fiscalité sur les classes moyennes et supérieures, tout en mettant en place des prestations sociales pour les ménages les plus défavorisés. Par ailleurs, les dépenses et les achats en devises étrangères sont taxés à hauteur de 30%. Des mesures en lien avec l'inclinaison politique du nouveau président de gauche, alors que son prédécesseur était un libéral. En 2019, l'Argentine a subi une inflation de 55% et une baisse de son PIB de 3,1%.


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