L'Autorité de la concurrence interdit l'acquisition d'un hypermarché




Le 29 Aout 2020, par François Lapierre

C'est une première pour l'Autorité de la concurrence. L'organisme a en effet interdit la prise de contrôle d'un hypermarché par un concurrent pour éviter un risque élevé de hausse des prix pour le consommateur.


Risque de hausse des prix

L'Autorité de la concurrence a posé son veto à l'acquisition conjointe par la société Soditroy et l’Association des Centres Distributeurs E. Leclerc (ACDLec) de l'hypermarché Géant Casino situé dans la commune de Barberey-Saint-Sulpice (Aube). L'opération aurait en effet entraîné la constitution d'un duopole entre les enseignes d’hypermarché Carrefour et E. Leclerc dans l’agglomération troyenne, facilitant la mise en place d’un comportement de coordination tacite dans la zone de chalandise concernée, a relevé l'Autorité. Ce faisant, c'est la première fois depuis qu'elle possède cette compétence (cela remonte à 2009) que l'organisme décide d'interdire une telle opération.

Dans le détail, la société Soditroy possède l'entreprise SIPAN qui exploite plusieurs points de vente (hypermarché, supermarchés et drives) dans la région, sous l'enseigne E.Leclerc. Quant à l'ACDLec, c'est l'organe qui définit la stratégie du mouvement E.Leclerc ; elle signe notamment les contrats d'enseigne dont doivent être titulaires les exploitants de magasins de détail E.Leclerc. Quant à l'hypermarché visé, il est exploité sous enseigne Géant Casino.

Des gains d'efficience insuffisants

Au terme d'une procédure d'analyse approfondie et de la réalisation de sondages auprès des clients du Géant Casino et de l'hypermarché E.Leclerc à proximité, l'Autorité de la concurrence a estimé que cette acquisition entraînerait la création d'un duopole entre les enseignes Carrefour et E.Leclerc. L'opération présentait « des risques élevés d’atteinte à la concurrence sur le marché de la distribution au détail de produits à dominante alimentaire en hypermarchés dans l’agglomération troyenne ».

L'Autorité estime qu'une reprise du magasin Géant Casino par le magasin Leclerc génère naturellement un risque de hausse de prix (ou de moindre baisse de prix), en supprimant la concurrence existant entre ces deux magasins. De plus, les barrières réglementaires rendent très improbable l'arrivée d'un nouveau concurrent dans la région. L'Autorité a également considéré que les repreneurs n'avaient pas apporté la preuve que l'opération était susceptible d’engendrer des gains d’efficience suffisants pour contrebalancer les risques concurrentiels relevés.