L'Etat ne soutient pas assez les PME et TPE en France




Le 29 Novembre 2018, par Anne Poirier

Plus d’un Français sur deux estime que les pouvoirs publics ne soutiennent pas assez les entreprises de taille moyenne en France.


Les ETI et PME manquent de soutien pour se développer


Il ressort notamment ce sondage que 71% des Françaises et Français considèrent que le soutien des Pouvoirs publics aux PME est insuffisant et 58% pour les entreprises de taille intermédiaire, les ETI, soit une moyenne de 53% (contre 42% pour le soutien aux start-ups et 12% pour celui aux grandes entreprises).Pour encourager ce développement des entreprises de taille moyenne, les Françaises et les Français privilégient les prêts bancaires à taux zéro et un " small business act " à la française qui réserverait une part des commandes publiques aux PME et ETI. Parmi les autres mesures, les sondés BPI, la Banque Publique d'Investissement, un crédit d'impôt recherche renforcé et une garantie de choisissent dans une moindre proportion un accompagnement accru pour ce type d'entreprise par la l'Etat. Le soutien politique direct n'est pas, à leurs yeux, prioritaire.

 


Seulement quatre licornes en 30 ans

Afin d'analyser les résultats de ce sondage et d'en débattre, Rumeur Publique a organisé le 26 novembre une table-ronde chez l'accompagnateur de start-ups, The Family. Trois dirigeants d'entreprise y ont pris la parole : Pierre Césarini, PDG de Claranova, Nicolas Chartier, co-PDG fondateur du spécialiste de la revente sur Internet, par téléphone ou en agences, de voitures reconditionnées, Aramisauto.com, et Jean-Vincent Raymondis, directeur général de Saretec, spécialiste de la gestion des risques, de l'expertise et de l'anticipation des sinistres.

Pour Pierre Cesarini, PDG de Claranova, " réussir le changement d'échelle, de start-up à scale-up ne va pas de soi. Il n'est pas " automatique " car si avoir beaucoup de startups est une condition nécessaire, elle n'est pas suffisante pour créer un leader technologique français au niveau mondial. Nous n'avons créé en France que 4 licornes en 30 ans et il n'existe à ce jour aucun vrai leader technologique français alors que nous en avons dans tous les autres secteurs d'activités. Ce paradoxe a ses sources à la fois du côté des entrepreneurs et du côté de l'environnement économique français. Construire une société mondiale de plusieurs milliards demande une ambition, une vision, une expérience, une capacité d'exécution très différentes que de lancer un produit innovant. La capacité de financement d'un tel leader global que ce soit en dette ou en equity n'existe pas aujourd'hui en France à cette échelle. Ce sont les deux enjeux à résoudre pour y arriver demain et faire de la France une " scale-up " nation autant qu'une " start-up nation " car nous avons besoin des deux."


Penser avant tout client

Selon Nicolas Chartier, co-PDG fondateur d’Aramisauto.com, "pour croître, pour passer de quelques dizaines de millions d’euros de chiffre d’affaires annuel à plusieurs centaines, une entreprise doit vraiment penser avant tout client, ce qui ne va pas toujours de soi dans la culture française. Et pour penser client, elle doit savoir affronter en permanence les vrais problèmes, les vrais freins, et se remettre en permanence en question : son organisation, ses équipes et aussi voire surtout ses dirigeants. Pour transformer une entreprise, il faut transformer le patron, en faire un véritable animateur de l’ensemble des collaborateurs. Et un collaborateur motivé, c’est l’atout clé pour fidéliser un client et faire de sa petite entreprise une scale-up et demain une grande."

Jean-Vincent Raymondis, directeur général de Saretec , explique quant à lui que " si une entreprise comme la nôtre, avec un actionnariat pourtant très particulier puisque composé de ses salariés, n'a pas de problème d'accès à la ressource financière, auprès des banques, de la BPI, des fonds d'investissements, nous faisons face à deux défis : un accès limité à la commande publique avec trop de barrières à l'entrée, et la difficulté à trouver les compétences nécessaires faute de formations adaptées et en raison d'un marché de l'emploi français trop limité. "