L'Eurostar menacé d'une cessation de paiement




Le 20 Janvier 2021, par Aurélien Delacroix

La crise sanitaire pourrait emporter Eurostar. Jacques Damas, le directeur général de l'entreprise, prévient qu'une cessation de paiement pourrait intervenir au deuxième trimestre si l'entreprise n'obtient pas l'aide des gouvernements.


Panne de cash

À force de brûler son cash, Eurostar pourrait se déclarer en cessation de paiement, a prévenu Jacques Damas à l'AFP. Le directeur général de l'entreprise, qui exploite les trains à grande vitesse qui circulent sous la Manche, a précisé que cette cessation pourrait intervenir dans le courant du deuxième trimestre de cette année, « plutôt dans la deuxième moitié du deuxième trimestre ». Néanmoins, si la crise devait durer et se prolonger, « ça pourrait même arriver un peu plus tôt », craint-il. La situation est effectivement critique pour le groupe qui dessert le Royaume-Uni, la France, la Belgique et les Pays-Bas.

L'an dernier, Eurostar a en effet perdu 82% de son chiffre d'affaires par rapport à 2019, durant laquelle l'entreprise avait enregistré 1,1 milliard d'euros de revenus. « On est à 5% du chiffre d'affaires depuis le 1er avril, pour dire les choses très simplement », selon Jacques Damas. Le contexte est d'autant plus difficile pour Eurostar que le cumul des règles sanitaires imposées par les pays traversées fragilise encore la santé précaire de l'exploitant ferroviaire. Depuis le début de l'année, ce dernier se contente de faire circuler un aller-retour Londres - Paris ainsi qu'un Londres - Bruxelles - Amsterdam par jour.

Aide des gouvernements

Et même avec cette cadence au ralenti, le taux de remplissage est réduit : les trains sont vides à 80%. Pour maintenir une activité tout en évitant de plonger complètement, Eurostar utilise les dispositifs de chômage partiel, a emprunté pour 450 millions d'euros, et fait appel à ses actionnaires à hauteur de 210 millions. Le capital de l'entreprise est détenu à 55% par la SNCF, à 30% par la Caisse de dépôt et placement du Québec, 10% reviennent au fonds britannique Hermes Infrastructures et 5% par la SNCB belge. 

Tout cela sera insuffisant : il faut désormais que les gouvernements interviennent. Bruno Le Maire a expliqué sur RTL que l'État français était prêt à aider Eurostar, tout comme il l'a fait pour Air France et pour la SNCF. C'était un souhait de Jean-Pierre Farandou, le patron de la SNCF, et du côté anglais, c'est aussi ce que veut un groupe patronal, London First, qui a exhorté le gouvernement britannique à soutenir l'entreprise.


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