L'Union européenne se met d'accord sur l'intelligence artificielle




Le 11 Décembre 2023, par Aurélien Delacroix

L'Union européenne vient de franchir un cap décisif dans la régulation de l'intelligence artificielle. Après de longues négociations, un accord politique a été conclu, ce qui marque un tournant dans l'encadrement de ces technologies en pleine expansion.


Entre innovation et prudence

En toute fin de semaine dernière, l'Union européenne a conclu un accord majeur sur la régulation de l'IA. Ce texte, encore au stade d'accord politique, vise à établir un cadre pour le développement de l'intelligence artificielle, tout en évitant les abus potentiels. Thierry Breton, commissaire européen français et initiateur du projet, a salué ce compromis comme « un grand pas en avant », soulignant que l'Europe est le premier continent à fixer des règles claires pour l'utilisation de l'IA.

La présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a également célébré cet accord, le qualifiant de « moment historique pour l'Europe numérique ». Elle a mis en avant la nature « avant-gardiste, responsable, et globale » de cette législation, qui pourrait établir des standards mondiaux.

Les négociations n'ont pas été sans difficultés, témoignant de l'urgence et de la complexité de réguler un domaine aussi dynamique et novateur que l'IA. Le débat a été particulièrement stimulé par l'apparition de technologies génératives avancées, comme ChatGPT d'OpenAI, révélant à la fois le potentiel et les risques de ces outils.

Des « conséquences désastreuses » pour le secteur de l'intelligence artificielle ?

Les membres de l'UE étaient préoccupés par l'impact d'une régulation trop stricte sur le développement des entreprises européennes du secteur, comme Aleph Alpha en Allemagne ou Mistral AI en France. Le ministre français du numérique, Jean-Noël Barrot, a exprimé la nécessité d'« analyser attentivement le compromis » pour garantir la capacité de l'Europe à développer ses propres technologies tout en préservant son autonomie stratégique.

Le texte s'appuie sur des principes de réglementation existants, tels que des contrôles de sécurité produits majoritairement à la charge des entreprises. Il se concentre sur les systèmes à hauts risques dans des domaines sensibles comme l'éducation ou le maintien de l'ordre, imposant des restrictions strictes sur des applications contraires aux valeurs européennes, telles que la surveillance de masse ou l'identification biométrique à distance.

Cependant, l'accord ne fait pas l'unanimité. Daniel Friedlaender, représentant du CCIA (un lobby du secteur), critique la précipitation des décisions, craignant des « conséquences désastreuses pour l'économie européenne ». La législation prévoit des amendes allant jusqu'à 7 % du chiffre d'affaires annuel des entreprises, avec un minimum de 35 millions d'euros pour les infractions les plus graves.