L'inflation dans la zone euro inquiète la BCE




Le 18 Septembre 2020, par François Lapierre

Le niveau d'inflation relevé dans la zone Euro au mois d'août fait craindre une tension déflationniste au sein de la Banque centrale européenne. L'objectif de 2% sur un an est très loin.


Des prix à la consommation en baisse en août

Au mois d'août, les prix à la consommation ressortent à -0,2% par rapport au même mois de 2019, alors qu'ils avaient atteint +0,4% en juillet. En retirant les produits alimentaires et l'énergie (ce poste pesant lourd dans le calcul de l'inflation), les prix ont connu une hausse de 0,6% le mois dernier sur un rythme annuel, bien moins que le niveau enregistré en juillet (+1,3%). Et en retirant l'évolution des prix du tabac et de l'alcool, eux aussi volatils, l'inflation est de 0,4% en août, contre 1,2% en juillet. Une des missions de la Banque centrale européenne est de maintenir l'inflation un peu en dessous de 2% sur l'année : le bilan estival en est très éloigné.

Avec des niveaux d'inflation si faibles, la crainte de la déflation est réelle, or c'est précisément ce que la BCE cherche à éviter, bien que le résultat enregistré en août soit surtout dû à l'évolution des prix de l'énergie. Le gouverneur de la banque centrale finlandaise, Olli Rehn, prévient que la zone euro est susceptible de « tomber dans le piège » : croissance économique couplée à des niveaux d'inflation lents pendant une longue période. Il existe un risque que la tendance se poursuive si « l'inflation dans la zone euro est constamment trop basse ».

Déterminant fondamental

Christine Lagarde, la présidente de l'institution, a expliqué que la variation des prix à la consommation était surveillée de près. Ce d'autant que la monnaie unique européenne s'est appréciée ces dernières semaines face au dollar, ce qui est de nature à limiter la hausse des prix. Pour Luis de Guindos, vice-président de la BCE, le taux de change entre l'euro et les autres monnaies est un « déterminant fondamental » qui pèse sur l'évolution des prix. 

Il a effectivement rappelé que les changes étaient une variable économique « fondamentale » qui ont un impact sur les importations, les exportations, « l'inflation et la déflation importés ». Dans ces conditions, le rôle de la Banque centrale européenne est essentiel. D'après ses prévisions, l'inflation devrait se limiter à 1,3% en 2022, mais à l'heure actuelle le risque de déflation est toujours minimisé… Même si la BCE s'en inquiète.


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