La France veut réguler l'ultra-fast fashion




Le 6 Mars 2024, par Aurélien Delacroix

L'ultra-fast fashion, phénomène commercial dominant avec des acteurs comme Shein et Temu, est aujourd'hui au cœur des préoccupations environnementales et économiques. À tel point que les propositions législatives affluent pour réguler ce secteur.


Lutte contre l'impact écologique et social de l'ultra-fast fashion

Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, et un nombre croissant de députés, alertent sur les conséquences désastreuses de cette industrie sur l'environnement et l'économie locale. Face à la production massive et la vente de vêtements à bas coût, souvent composés jusqu'à 95 % de matières plastiques, le gouvernement prend des mesures pour favoriser une transition vers une mode plus durable.

La réponse du gouvernement s'articule autour de propositions législatives visant à modérer l'impact de cette industrie. Anne-Cécile Violland, députée Horizons de la Haute-Savoie, a porté une proposition de loi visant à instaurer un malus pouvant atteindre 10 euros par article d'ici 2030, limité à 50 % du prix de vente. 

Cette initiative s'inscrit dans un effort plus large pour réduire la consommation excessive et inciter à des pratiques de production et d'achat plus responsables. L'objectif est de pénaliser financièrement la fast fashion et de prohiber la publicité pour ces enseignes, dans le but de protéger l'environnement et de revigorer l'industrie textile française.

Des répercussions au-delà de l'environnement

Les implications de l'ultra-fast fashion ne se limitent pas à l'environnement. Elles englobent également des questions de souveraineté économique et de conditions de travail. La proposition de loi soulève une prise de conscience quant à la nécessité d'une régulation, mettant en avant l'urgence de s'attaquer à une surproduction qui transgresse la réglementation environnementale européenne et menace l'industrie locale. Les faillites successives de grandes enseignes françaises, incapables de concurrencer sur les prix, illustrent les répercussions économiques et sociales de cette concurrence déloyale.

L'industrie textile, l'une des plus polluantes au monde, est au cœur d'une réflexion globale sur la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre et la consommation de pesticides liée à la culture du coton. La France, par ces initiatives législatives, se positionne en leader dans la lutte contre l'impact de l'ultra-fast fashion, avec un appel à la responsabilité collective pour une industrie plus respectueuse de l'environnement et des droits humains.

Les propositions de loi, soutenues par divers acteurs de l'industrie textile et du prêt-à-porter, visent à instaurer un cadre législatif strict pour encourager une transition vers des pratiques plus durables. En interdisant la publicité pour les marques pratiquant l'ultra-fast fashion et en instaurant des malus financiers, le législateur français espère inciter à une prise de conscience et à un changement de comportement tant chez les consommateurs que chez les producteurs.