La proposition de loi qui ulcère la grande distribution




Le 9 Janvier 2023, par Aurélien Delacroix

Les négociations annuelles obligatoires entre la grande distribution et les industriels battent leur plein, et alors que le contexte économique actuel pressure le pouvoir d'achat des consommateurs, une proposition de loi pourrait bien renforcer encore la hausse des prix sur les produits de grande consommation.


La grande distribution vent debout

Les plus grands industriels ont visiblement trouvé des relais très efficaces auprès de l'Assemblée nationale. Une proposition de loi, déposée fin novembre par des députés de la majorité et de Les Républicains, inquiète les distributeurs. Deux articles en particulier, sur les quatre que compte le projet, font polémique. Le premier concerne l'hypothèse où aucun accord n'est trouvé le 1er mars : dans ce cas, « toute commande effectuée par le distributeur se fait sur la base du tarif et des conditions générales de vente en vigueur ».

En principe donc, ce sont les prix des industriels qui seront pris en compte (et a priori, ils seront élevés) alors que jusqu'à présent, les distributeurs pouvaient prolonger les prix d'achat négociés durant l'année précédente en cas d'absence d'accord. Mais voilà, une prolongation aux prix négociés précédemment représente un sacré manque à gagner pour les industriels alors que les coûts ont explosé et que la hausse des prix de grande consommation a atteint 12,6% en décembre !

Une inflation qui risque de se renforcer

L'autre article qui hérisse les distributeurs est celui qui impose aux distributeurs de respecter les relations commerciales y compris quand les produits ont été négociés dans des centrales d'achats en dehors de France. De fait, ils ne pourront pas vendre ces produits moins chers que les tarifs négociés en France.

De quoi susciter la colère de la grande distribution qui cherche justement à obtenir des prix bas pour contenir l'inflation dans les rayons. Le gouvernement n'a toutefois pas annoncé son adhésion à la proposition du loi. Le danger politique est évident : ce texte, qui vise à soutenir les industriels, aura aussi des effets collatéraux sur la hausse des prix pour les consommateurs.