La réforme de la politique agricole commune ne fait pas l’unanimité




Le 19 Mars 2024, par La rédaction

La Commission européenne propose une série d'amendements législatifs à la Politique agricole commune (Pac) pour la période 2023-2027 pour alléger les contraintes environnementales imposées aux agriculteurs. Cette démarche, saluée par le secteur agricole, soulève cependant la colère des organisations écologistes.


Des normes agricoles qui vont s’adapter

Dans une initiative présentée comme une réponse aux préoccupations du secteur agricole, la Commission européenne suggère d'assouplir, et parfois de supprimer, certaines des exigences écologiques strictes intégrées à la nouvelle Pac. Ces règles concernent notamment la mise en jachère d'une portion des terres arables, la gestion des haies, ou encore la rotation des cultures, des mesures initialement conçues pour promouvoir la biodiversité et la durabilité environnementale. 

Ursula von der Leyen, présidente de la Commission, motive cette révision par le désir de réduire la charge administrative et d'offrir plus de flexibilité aux agriculteurs et aux États membres, sans pour autant compromettre l'ambition environnementale globale.

Les modifications proposées incluent notamment la suppression de l'obligation de réserver au moins 4% des terres arables à des surfaces non-productives, une mesure qui avait suscité une vive opposition parmi les agriculteurs. À la place, la Commission encourage la conservation volontaire de ces espaces, avec des incitations financières sous forme d'éco-régimes. 

Une trahison de la politique agricole commune ?

Les petits exploitants agricoles, représentant une part significative des bénéficiaires de la Pac, seraient également exemptés de certaines vérifications et sanctions liées aux conditions environnementales.

Cette réorientation stratégique de la politique agricole commune ne fait pas l'unanimité. Des voix s'élèvent, notamment au sein du Parlement européen et des organisations environnementales, pour critiquer ce qu'elles perçoivent comme un affaiblissement des engagements écologiques de l'UE. Martin Haüsling, eurodéputé Vert, et Anu Suono du WWF expriment leur inquiétude quant à l'impact potentiel de ces assouplissements sur la capacité de l'agriculture européenne à s'adapter au changement climatique. Ils dénoncent un démantèlement « électoraliste » de l'architecture verte de la Pac, qui, selon eux, risque de ne pas répondre aux véritables enjeux du secteur, tels que la justice des prix et la durabilité à long terme.

En dépit des critiques, la Commission européenne et Janusz Wojciechowski, commissaire à l'Agriculture, défendent leur approche en arguant que la flexibilité et les incitations seront plus efficaces pour atteindre les objectifs environnementaux que les contraintes et les pénalités. Cette réforme s'accompagne également de mesures visant à protéger les agriculteurs contre les pratiques commerciales déloyales, dans le but de garantir une plus grande équité au sein de la chaîne agro-alimentaire.