La rentabilité supérieure aux prévisions des sociétés concessionnaires d'autoroutes se confirme




Le 22 Mars 2023, par Aurélien Delacroix

Le fameux rapport de l'Inspection générale des Finances sur les sociétés concessionnaires des autoroutes a fini par fuiter dans son intégralité. Il confirme la rentabilité supérieure obtenue par ces entreprises et propose des options pour rééquilibrer la situation.


Autoroutes : le rapport secret rendu public par la presse

L'affaire avait fait grand bruit lorsque le Canard Enchaîné a révélé fin janvier l'existence d'un rapport sur les sociétés concessionnaires d'autoroutes (SCA) remontant à 2021. Rédigé par l'Inspection générale des Finances (IGF) et le Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD), il était resté au secret depuis février 2021. Marianne et Caradisiac ont mis la main sur le fameux rapport qui confirme la « rentabilité très supérieure » des groupes ASF-Escota (Vinci) et APRR-Area (Eiffage).

Au moment de la privatisation des autoroutes en 2006, la rentabilité était estimée à 7,67%. Elle a été largement dépassée : pour les concessions de Vinci, elle atteint en effet 11,77%, et 12,49% pour celles d'Eiffage. Les deux entreprises ont rapidement amélioré la rentabilité de leurs concessions avec la baisse des taux d'intérêt et à l'optimisation financière, ce qui n'avait pas été anticipé lors de la privatisation.

Les sociétés concessionnaires d'autoroutes sur la sellette

Les pouvoirs publics auraient pu obtenir 6 milliards d'euros de plus en prenant en compte ces données, selon le rapport (qui insiste sur la nature hypothétique de ce calcul). Pour régler le problème, il préconise trois options : soit un raccourcissement de la concession de 5 à 10 ans en fonction des entreprises ; un prélèvement sur l’excédent brut d’exploitation (EBE) de 2021 jusqu’à la fin des concessions à hauteur de 63 à 64% ; et une diminution des péages de près de 60%, ce qui représente 21€ d'économie sur un trajet Paris-Lyon.

Seule la première solution semble cependant envisageable du point de vue de la loi. C'est d'ailleurs l'option préconisée aussi durant un colloque organisé par le Sénat sur le sujet en février 2022, qui s'appuie sur une commission d'enquête remontant à 2020.