Le déconfinement va coûter cher à l'économie française




Le 25 Mai 2020, par François Lapierre

Contrairement à ce que beaucoup espéraient, le déconfinement n'a pas relancé l'activité au niveau qu'elle était avant la crise sanitaire. La progressivité de la levée des mesures de confinement va au contraire continuer à peser sur la croissance.


Un déconfinement à 3 points de PIB

Le confinement général de deux mois a coûté à l'économie française « près de 6 points de PIB annuel », a expliqué François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France. L'acte II, c'est à dire le déconfinement effectif depuis le 11 mai, pourrait coûter « au moins la moitié » en supplément. Soit 3 points de plus. L'activité a repris, mais de manière progressive. Et certains secteurs sont toujours en pause à l'instar de l'hôtellerie-restauration, l'événementiel, la culture. Le choc est « inédit », souligne-t-il, car il touche non seulement l'offre mais aussi la demande. Il est temporaire et « en partie persistant ». « Largement symétrique, mais aussi asymétrique dans certains impacts nationaux », poursuit le gouverneur.

Dans ces conditions, difficile de mesurer le temps du retour à la normale ou au « new normal ». « On peut craindre certaines pertes durables de croissance potentielle », estime-t-il. Le contexte rend très délicat les estimations de croissance : la Banque de France attendra le 9 juin pour donner ses prévisions pour 2020 et 2021. En attendant, les économistes continuent de mesurer la contraction de l'économie française.

Le mythe de l'argent magique

Selon l'institution monétaire, l'activité a reculé de 27% au mois d'avril, un léger mieux par rapport à la deuxième quinzaine de mars (-32%). Pour ce qui concerne le mois de mai, la contraction de l'activité est estimée à 17%. On est encore loin du retour à une activité normale. Pour l'ensemble de l'année, le gouvernement table sur un recul de 8% du PIB.

François Villeroy de Galhau s'est également dit opposé à l'idée de l'émission de dette souveraine « perpétuelle ». Cette dette permettrait aux pays de n'en payer que les intérêts, pas de la rembourser. Un « mythe de monnaie magique », selon lui. Ce principe de dette perpétuelle est de nature à pousser les investisseurs à demander des taux d'intérêts beaucoup plus élevés que ceux actuels, et pour cause : ils ne reverraient jamais la couleur de l'argent prêté aux États…