Le dérapage budgétaire de la France est confirmé




Le 22 Mars 2024, par François Lapierre

La révision à la hausse du déficit public français pour 2023 soulève de très sérieuses interrogations sur la capacité de la France à redresser ses comptes dans un contexte économique difficile. Entre les avertissements de la Cour des comptes et les comparaisons peu flatteuses avec les voisins européens, le pays se trouve à un carrefour critique.


Un dérapage financier inquiétant

Le gouvernement a revu ses prévisions de déficit public pour 2023, l'estimant désormais « supérieur à 5% » du PIB, contre une prévision initiale de 4,9%. Cette révision intervient dans un climat économique marqué par le ralentissement chinois, les répercussions de la guerre en Ukraine, et les difficultés économiques de partenaires clés comme l'Allemagne. 

Malgré cet environnement, la France semble se distinguer de manière peu enviable sur la scène européenne, étant l'un des seuls grands pays de la zone euro, avec l'Italie, à présenter un déficit aussi élevé.

La dette française, qui devrait atteindre 109,7% du PIB en 2024, ne ferait que légèrement diminuer au fil du quinquennat, s'établissant à 108,1% à son terme. Cette situation place la France parmi les pays les plus endettés de la zone euro, aux côtés de la Grèce et de l'Italie. Ces projections alarmantes ont été soulignées par la Cour des comptes, qui critique régulièrement le manque d'ambition de l’exécutif pour redresser la barre.

La France se retrouve ainsi en retrait par rapport à certains de ses voisins qui, malgré des déficits initiaux plus importants, ont entrepris des efforts significatifs pour rétablir leurs finances publiques. L'Espagne, par exemple, a réduit son déficit public à 3,7% et sa dette à 107,7% du PIB. De même, le Portugal, avec un endettement initialement plus élevé que celui de la France, prévoit de le ramener à 95,6% du PIB en 2026, soulignant un écart considérable avec la trajectoire française.

Vers un nécessaire sursaut économique et politique

Ces constats ont évidemment alimenté les critiques de l'opposition, qui accuse le gouvernement d'« incompétence » budgétaire. Eric Ciotti, notamment, a dénoncé une « gestion calamiteuse » qui placerait la France sur une trajectoire comparable à celle de la Grèce, bien que des voix dans le milieu économique réfutent cette comparaison, soulignant les différences fondamentales entre les deux pays.

Face à ce tableau préoccupant, des économistes appellent à un « sursaut économique et politique » pour repenser l'efficacité des finances publiques. La pression monte également avec le retour des mécanismes de contrôle de déficit de la Commission européenne, qui pourrait placer la France en procédure de déficit excessif dès l'année prochaine.

Alors que le pays s'apprête à faire face aux évaluations des agences de notation, l'avenir des taux d'intérêt exigés par les marchés financiers reste une préoccupation majeure. Dans ce contexte difficile, la France doit non seulement faire face aux défis immédiats de financement, mais aussi s'attaquer aux enjeux de long terme tels que la transition énergétique et écologique, l'éducation et la santé. Le chemin vers un redressement durable des finances publiques s'annonce semé d'embûches, mais également crucial pour l'avenir économique et social du pays.