Le patron d'Air France vent debout contre l'écotaxe




Le 21 Septembre 2020, par Aurélien Delacroix

Ben Smith, le patron d'Air France, joue volontiers la carte de l'optimisme : la compagnie aérienne a traversé tellement de tempêtes qu'elle devrait réussir à sortir de la crise du coronavirus.


La chasse aux coûts

On ne compte plus le nombre de grèves essuyées par Air France-KLM ces dernières années, qui a également su faire face à la dérégulation du secteur du transport aérien, au 11-Septembre, à l'irruption du low-cost. « Les compagnies du groupe ont surmonté tellement de bouleversements  qu’elles auront les moyens de faire face et de survivre », a assuré Ben Smith, le patron du groupe dans une interview à L'Opinion. Mais le groupe doit continuer de faire des efforts, en particulier la chasse aux économies : « Nous devons tout faire pour réduire fortement nos coûts », explique-t-il. « Le plan que nous avons annoncé en novembre 2019 est toujours pertinent, mais la crise nous oblige à l'accélérer. Il nous faut faire beaucoup plus pour réduire nos coûts ».

Cela va passer par la rationalisation de Hop!, qui assure les liaisons intérieures domestiques. Des postes vont également être supprimés : 7.580 emplois vont ainsi disparaître d'ici deux ans. L'entreprise devrait éviter une trop grande casse sociale : « La pyramide des âges au sein d’Air France nous aide car elle va entraîner beaucoup de départs naturels ». Malgré tout ces efforts, Ben Smith prévient que si l'État devait avoir la main trop lourde sur son projet d'écotaxe, la compagnie pourrait ne pas y survivre.

La peur de l'écotaxe

Cette proposition d'écotaxe sortie de la Convention citoyenne pour le Climat ne passe pas : elle est qualifiée d'« irresponsable et [de] catastrophique » par le patron du groupe. « Par exemple, Air France dégageait, avant la crise, un résultat opérationnel de 280 millions d’euros seulement. Comment serait-elle capable de supporter un impôt qui lui coûterait entre 1,2 et 1,3 milliard d’euros par an ? », s'interroge-t-il. Il prévient qu'une telle taxe représenterait « instantanément » des dizaines de milliers de suppressions d'emplois.

Air France-KLM peut cependant compter sur le soutien des gouvernements français et néerlandais, qui ont injecté des milliards d'euros. Une idée qui permet au groupe de « tenir moins de douze mois », explique Ben Smith. « Nous sommes en train de discuter avec nos actionnaires de la manière de renforcer notre bilan au-delà de cette période. Un, trois ou cinq milliards d’euros ? Il est trop tôt pour chiffrer le montant d’une éventuelle recapitalisation ». Les pouvoirs publics devraient être appelés à rallonger la mise. 


Tags : Air France