Les abonnés Numéricable menacés d'écran noir par Paris




Le 2 Juillet 2015, par Léa Pfeiffer

La capitale accuse Numéricable de ne pas payer ses redevances sur les locaux mis à sa disposition. La menace est très claire : payer, ou se faire retirer ses infrastructures. Des millions d'abonnés, dont ceux de Bouygues, pourraient être victimes de cette bataille contre la municipalité.


shutterstock

Plus de télévision, de téléphone, ni d'internet

Autrement dit, le retour à l'âge de pierre pour les abonnés Numericable (et Bouygues). L'opérateur est en conflit depuis juin dernier avec la ville de Paris au sujet d'une redevance pour l'occupation de locaux mis à sa disposition. La Mairie a déjà demandé à ce que tous ses équipements soient retirés d'ici au 10 août. Et si cette date butoir n'est pas respectée, les agents municipaux s'en chargeront eux-même.

«La ville de Paris signe des conventions avec les 17 opérateurs. Cette convention prête à redevances. C'est le même tarif pour tout le monde qui a été corrigé en 2009. L'avenant sur les conventions a été signé par tous les opérateurs sauf Numéricable. A l'expiration de sa convention en février dernier, ce dernier a refusé d'en signer une autre avec la nouvelle grille tarifaire. Il est donc occupant sans droit ni titre des locaux de la ville depuis cette période», explique au Figaro un porte-parole de la ville de Paris.

Pas de traitement de faveur

L'opérateur contestait le calcul utilisée par Paris pour imposer ses loyers, basée sur la surface totale des locaux mis à disposition et non le périmètre effectivement utilisé par l'opérateur. L'opérateur demandait donc à bénéficier d'un tarif préférentiel. Ce que la municipalité a refusé par souci d'équité pour les autres opérateurs. D'après les calculs de la ville, les loyers acquittés par Numericable auraient dû augmenter en moyenne de 62.772 euros par an. Une somme que l'opérateur s'est bien gardé de payer.


Une facture salée… qui pourrait augmenter

Ce n'est pas tout. Parallèlement, la ville reproche à l'opérateur et à sa filiale Completel, spécialisée dans les services aux professionnels, de n'avoir pas payé intégralement ses redevances sur la période 2008-2013. Au total, la facture réclamée par la municipalité à Numéricable s'élève à 8,37 millions d'euros.
 

«S'il refuse de signer la convention et de régler les impayés, et si les équipements ne sont pas retirés d'ici au 10 août, la ville est en droit de procéder elle-même au retrait des équipements, au frais de Numéricable», affirme-t-on à la Mairie.


Et les abonnés dans tout ça ?

C'est bien eux qui pourraient faire les frais de l'entêtement de leur opérateur. Il ne s'agit pas seulement d'abonnés parisiens, mais bien de tous les clients Numéricable de France, soit 1,7 million de personnes. Sans oublier que Bouygues Telecom loue ce même réseau. Il faut donc ajouter ses 2,4 millions d'abonnés à la liste. Comptez en tout 4,1 millions de Français pris en étau.

 

Face à cette pression, et un mois avant la date butoir imposée par la Mairie, Numéricable semble aujourd'hui prêt à faire un geste. Une réunion d'urgence doit se tenir aujourd'hui pour régulariser la situation de l'opérateur. Si aucun accord n'est trouvé, la ville l'assure, elle sera intransigeante.