Les compagnies aériennes demandent l'aide des passagers




Le 15 Juillet 2020, par François Lapierre

La situation économique des compagnies aériennes est critique suite à la crise sanitaire qui a cloué la plupart des avions sur le tarmac. Les transporteurs demandent désormais l'aide des passagers.


De l'aide « à genoux »

De nombreuses compagnies aériennes, prises à la gorge en raison d'une trésorerie de plus en plus ténue, remboursent les passagers ayant réservé un vol annulé sous forme d'avoirs. Une pratique mise à mal par les règles en vigueur en Europe, qui exigent des transporteurs qu'ils proposent soit un avoir, soit un remboursement en bonne et due forme. Or, ces remboursements renforcent les difficultés pour les entreprises. C'est pourquoi « nous demandons l'aide des passagers », implore Alexandre de Juniac, « nous la demandons à genoux », a affirmé à BFM Business le directeur général de l'Association internationale du transport aérien (IATA).

Les compagnies aériennes peuvent proposer de rembourser les voyageurs en numéraire, mais avec au moins neuf mois de décalage, quand les passagers sont en droit d'obtenir un remboursement sous les deux semaines. La Commission européenne a rappelé le droit début juillet. Aiguillé par des associations de consommateurs, le régulateur a lancé une procédure d'infraction contre dix États membres de l'UE, dont la France.

Avoirs ou remboursements

Bruxelles entend défendre le droit des voyageurs à un remboursement en numéraire, si leur vol a été annulé pour cause de coronavirus. Alexandre de Juniac tient pourtant à arracher à la Commission européenne le « pouvoir de présenter des avoirs afin de différer le remboursement » à proprement parler. Il sait que la position qu'il défend est difficile et que cette pratique n'est pas appréciée de tout le monde, à commencer par les passagers qui ont effectivement payé leur vol et se voient proposer des avoirs qu'ils ne pourront pas utiliser immédiatement au vu de la situation dans le transport arien.

Si les professionnels ont demandé à Bruxelles un assouplissement des règles, ce n'est pas « par plaisir », plaide-t-il. « La trésorerie des compagnies est dans un état absolument apocalyptique », assure Alexandre de Juniac. Il rappelle que l'activité des compagnies aériennes est plutôt de « chouchouter les passagers », et « pas de leur poser des difficultés et problèmes, notamment des problèmes financiers ». L'équilibre entre le droit à la consommation et la santé des compagnies aériennes est difficile à trouver.