Les entreprises vont-elles devoir faire le travail de la Sécurité sociale ?




Le 2 Aout 2018, par Paul Malo

Le gouvernement envisage de basculer quatre jours d'indemnisation de la Sécurité sociale vers les employeurs, pour les arrêts de moins de huit jours.


900 millions d'euros de charge supplémentaire

C'est dire : même le syndicat Force Ouvrière  juge « inadmissible » un tel désengagement de l'Assurance-maladie sur l'employeur, la CFDT dénonçant quant à elle une mesure stigmatisant les salariés les plus fragiles et contre-productive en termes de prévention. Les numéros uns du Medef, de la CPME et de l'U2P viennent  d’adresser à Edouard Philippe lui demandant expressément de reporter ce projet. Pour eux, une telle mesure constituerait une « charge nette nouvelle que nous ne pouvons accepter ». Pesant sur la compétitivité des entreprises, elle irait « à l'inverse de la politique de baisse des prélèvements obligatoires affirmée par le Gouvernement ». Le patronat souligne que ce transfert de la Sécurité sociale vers les entreprises, qui représenterait une charge supplémentaire d’au moins 900 millions d’euros, aurait « un impact systémique qui mérite d'être discuté avec les partenaires sociaux avant toute prise de décision. »
 

Financer le plan de transformation de la santé

Pourquoi telle mesure ? Encore et toujours afin de réaliser des économies. Mais aussi pour lutter contre la multiplication des arrêts de travail de complaisance, et autres congés maladie abusifs. Des abus qui représentent tout de même environ 400 millions d’euros par an sur un coût total d’une dizaine de milliards d’euros. Agir sur cette variable aiderait sans doute le gouvernement à trouver un peu de marge de manœuvre budgétaire afin de financer son grand (et donc coûteux) plan de transformation de la santé, dont l’annonce est prévue pour la rentrée 2018.