Mbaye Hadj : "Changement climatique : la lourde menace sur l’Afrique"




Le 28 Février 2023, par Bertrand Coty interview


Mbaye Hadj
Mbaye Hadj, vous traitez dans votre essai paru chez Publishroom Factory : Changement climatique : la lourde menace sur l’Afrique, des conséquences du changement climatique pour l’Afrique. Pourriez-vous nous éclairer sur la nature de ces menaces ?

Les menaces du changement climatique sur le sous-continent africain sont résumées en quatre grands axes :

MENACE EXISTENTIELLE Déficit pluviométrique Sécheresse permanente Inondations dans certaines zones Croissance de la population Vs Baisse de la production agricole Raréfaction des ressources halieutiques  Accroissement de la pollution de l’air et problèmes de santé Montée des eaux et déplacements de populations
  MENACE ÉCONOMIQUE Dépendance économique et technologique Marginalisation Disparition de rente hydrocarbures Inflation Baisse du pouvoir d’achat Accroissement de la Pauvreté
  MENACE SÉCURITAIRE Conflits régionaux (disputes, conflits pour le contrôle des ressources en eau) Terrorisme Migrants climatiques
  MENACE SUR LES VALEURS Perte de repères et de références Dépravation des mœurs Individualisme outrancier

Quelle pourrait-être la voie spécifique, prise par les États du continent pour faire face à cet enjeu ?

Le choc sur l’Afrique des effets du réchauffement climatique dépendra du niveau de préparation et de résilience qui désigne la capacité à tirer parti d’une situation difficile en trouvant la force de se reconstruire sans se résigner à la fatalité. Seule une posture d’anticipation sous-tendue par une dynamique prospective matérialisée par un agenda propre conçu exclusivement par les Africains et pour les Africains est la solution pour l’Afrique.

Notre paradigme de développement doit tenir compte du fossé socio-économique des milieux et des peuples, des luttes d’intérêts géostratégiques et géopolitiques liées à l’énergie, où nos modèles de développement devraient être ce que l’on ferait éclore à partir des potentialités et ressources naturelles de notre sous-continent africain, non pas des modèles que l’on veut nous imposer.
 
N’est-ce pas, en définitive, une opportunité pour le continent de sortir du « suivisme » qui l’entrave ? 

Les besoins essentiels font toujours défaut dans la plupart des pays africains du fait d’un suivisme naïf et aveugle de l’Afrique : se nourrir convenablement, se soigner facilement, avoir accès à l’éducation, sans oublier des accès faciles à l’eau et l’électricité ainsi qu’une industrialisation créatrice d’emplois et de richesses.

Hélas, tels que délibérément conçus et pernicieusement entretenus par les riches, les programmes et concepts de développement ont mené les pays africains à pays pauvres ou pays pauvres très endettés (PPTE) et vulnérables.

Oui, accroître sa résilience avec son propre agenda politique, économique, social et culturel est une opportunité pour le continent de se défaire résolument de cette passivité qui l’a rendue quasi impotente face au péril climatique.

Quelles sont les conditions nécessaires pour cette évolution et sont-elles réunies ? 

Les conditions pour cette évolution sont déjà amorcées et l’Afrique doit faire en sorte que le rapport de force lui soit favorable avec son énorme potentiel pour imposer son industrialisation et hâter son développement tant attendu qui renforcera sa résilience face au péril climatique.

Seule une Afrique smart, altruiste, résolument consciente et engagée, faisant bloc au sein de l’Union Africaine, de la ZLECAF (Zone de Libre-Echange Continentale Africaine), des organisations régionales et sous-régionales, doit émerger pour défendre ses propres intérêts face à la duplicité et à la cupidité de ces pays constitués par les blocs Europe, Amérique et Asiatique.
 
 
Mbaye Hadj est Ingénieur en électricité et Manager en ressources énergétiques ayant engrangé une solide expérience de plus de 30 ans dans les Systèmes énergétiques (public et privé).
Spécialiste en Économie d’Énergie, Énergie renouvelable, Système de Management d’énergie ISO 50001, il s’investit également dans les questions de changement climatique et développement durable.
 Ancien d’Orange Sonatel dans le domaine de l’Énergie, il a développé, en prison, son potentiel d’écriture en qualité d’écrivain engagé et de romancier. Il fut victime et détenu par la justice sénégalaise pendant deux ans et demi avant d’être élargi avec un non-lieu du Juge d’instruction.