Nespresso fait une place à la concurrence




Le 17 Avril 2014, par Aurélien Delacroix

Nestlé va devoir mettre de l'eau dans son café. Le géant suisse de l'agro-alimentaire a accepté d'assouplir l'utilisation de dosettes de café concurrentes dans ses systèmes Nespresso - une flexibilité qui n'allait pas de soi.


Nespresso est une vache à lait pour Nestlé : le système représente 3,2 milliards d'euros, issu en particulier de la vente de dosettes dont le quart de la production mondiale est absorbée par les consommateurs français. L'Autorité de la concurrence, saisie en 2010 par des concurrents désireux de tirer pofit eux aussi du succès de ces machines à café, a estimé que Nestlé devait leur faire une place.
 
Ces concurrents (Ethical Coffee, Sara Lee, Mondelez et sa marque Carte Noire…) dénoncent ce qu'elles appellent des pratiques d'« éviction » : en liant l'achat de dosettes Nespresso à celui des machines à café de même marque, Nestlé se rendrait coupable de position dominante. Un soupçon encore renforcé par l'élitisme des pratiques commerciales de l'entreprise : si les machines sont disponibles un peu partout, les capsules ne peuvent être achetées que via internet ou dans de rares boutiques.
 
Suite à son enquête, l'Autorité de la concurrence a adressé une série de reproches à Nestlé, et tout d'abord une position de domination double, sur les machines d'une part, sur les dosettes de l'autre. Et l'entreprise ne manque jamais une occasion d'évincer la concurrence, en introduisant par exemple des nouveautés techniques rendant inopérantes les capsules tierces. Nestlé s'adonne aussi parfois au dénigrement des dosettes de la concurrence.
 
Nestlé s'est donc engagé, sur une période de 7 ans, à communiquer à la concurrence les modifications techniques sur ses machines au moins trois mois à l'avance, ainsi que cesser les techniques de dénigrement.