Où l'on reparle du carnet de santé numérique




Le 7 Novembre 2018, par Hubert De LANGLE

Tel un serpent de mer, le thème du carnet de santé numérique revient à la surface. 40 millions de DMP (dossier médical partagé) seront ouverts d’ici cinq ans, a annoncé Mme Agnès Buzyn, ministre de la Santé ce 6 novembre 2018.


Christian Aghroum, vous êtes l’auteur d’un essai « La grande illusion du monde numérique » paru chez VA Éditions, dans lequel vous invitez le lecteur à partager vos craintes dans l’usage effréné de ce que vous appelez les « toujours nouvelles technologies ». En quoi ce DMP présente-t-il des risques ?

N’avoir du Dossier Médical Partagé qu’une approche anxiogène conduirait à passer aux côtés du progrès que nous apporte cette technologie. Chacun d’entre nous disposera ainsi d’un fichier complet, à jour, de l’ensemble des données de santé nécessaire à un suivi régulier et propice au dépistage de nombreuses maladies. Un blessé inconscient pourrait sans difficulté être immédiatement pris en charge tout en disposant de données complètes (groupe sanguin, allergies, traitement en cours…) dès lors que l’identification de la personne aura été confirmée. À titre de politique de santé, le traitement global des données, dès lors qu’anonymisées, permettra une photographie de l’état de santé général d’une population donnée.

Certes, mais quel est le risque ?

Celui régulier du traitement en masse de données informatiques et tout particulièrement de la fuite ou du vol de ces données. Les moyens de traitement moderne permettent de limiter au mieux ce risque même si en matière de cybersécurité le risque zéro n’existe pas.

Que faire alors ?

Christian Aghroum
Il faut analyser l’écart entre un risque de perte/fuite/vol de données et le gain pour nos concitoyens. Le dossier est ancien, car la volonté de bien faire, l’ambition de progrès ont été, en partie, freinées par l’absence d’assurance de sécurité. C’est une précaution de bon aloi ; notre approche des nouvelles technologies n’a pas toujours été frappée au coin du bon sens et a conduit à des débordements fâcheux. C’est l’une des idées fortes de mon essai, sous-tendue par la nécessité de laisser à l’Homme sa place au sein d’une société de progrès accompagnée d’une réflexion éthique permanente.