Quand le président du MEDEF s’en prend à la finance…




Le 25 Octobre 2018

L’initiative a surpris son monde au déjeuner-débat organisé par l'organisation patronale ETHIC le 24 octobre 2018 : Geoffroy Roux de Bézieux, Président du MEDEF a directement interpellé le monde de la finance et ceux chargés de sa surveillance. A l’origine de ce coup de sang inhabituel : les actions de divers fonds d’investissement anglo-saxons qui ciblent via des opérations boursières hostiles de grandes entreprises françaises.


Geoffroy Roux de Bézieux
« Le MEDEF est-il condamné au lobbying ? » Le thème de ce déjeuner débat organisé le mercredi 24 octobre en présence Geoffroy Roux de Bézieux, Président du MEDEF, ne se prêtait pourtant pas d’entrée de jeu aux digressions sur le comportement des fonds d’investissement anglo-saxons. Mais l’actualité a, semble-t-il, pris le pas sur le thème annoncé.

Il est vrai que l’affaire est d’importance et préoccupe les 200 chefs d’entreprise et patrons de PME réunis pour l’occasion, et qui ne manquent pas d’interroger à ce sujet leur primus inter pares. La « main invisible » des marchés financiers aurait-elle eu la main lourde dans certains cas ? La réponse en a pourtant surpris plus d’un dans l’auditoire. Le président du MEDEF s’inquiète en effet de la molle réaction des autorités de surveillance financière face à ce qu’il considère explicitement comme des tentatives de « manipulations de cours » sur fond de ventes à découvert massives et apparemment coordonnées de titres d’entreprises françaises. Mieux connu pour ses prises de position très libérales, Geoffroy Roux de Bézieux s’est lui aussi dit préoccupé et même « choqué » par certaines attaques à répétition. « Le mécanisme consiste à vendre le titre à découvert, à faire courir des rumeurs vraies ou fausses pour déstabiliser le titre. Je pense que l'Autorité des marchés financiers devrait s'en emparer », explique lapidairement le président du MEDEF à son auditoire

Peu enclins d’ordinaire à pousser les instances de contrôle à faire du zèle, les patrons français semblent pourtant avoir de bonnes raisons pour secouer le gendarme de la bourse. En effet, l’Autorité des marchés financiers (AMF) ne s’est pour l’instant guère émue d’une véritable offensive de fonds anglo-saxons contre les valeurs françaises, commencée il y a quelques mois. A peine a-t-elle fait part de son « étonnement » suite à un tweet d’un fonds activiste américain, qui a pourtant eu un impact considérable sur le cours d’une entreprise cotée.

Cet attentisme de l’AMF a déjà poussé certaines entreprises visées à tenter d’autres voies de recours : le 25 octobre 2018, les groupes Casino et Rallye ont ainsi déposé plainte contre X pour « manipulation de cours, diffusion d'informations fausses ou trompeuses et délit d'initiés ». Il est très probable que d’autres entreprises emboîtent le pas du géant français de la distribution. Mais en attendant, c’est du côté de l’AMF que les regards se tournent aujourd’hui, dans l’espoir d’une réaction à la hauteur des enjeux pour les entreprises hexagonales.