Redressement des finances publiques : la Cour des comptes étrille le gouvernement




Le 25 Février 2020, par Aurélien Delacroix

La Cour des comptes pousse le gouvernement à en faire davantage pour assainir les finances publiques. Leur situation est en effet jugée « préoccupante ».


Une situation préoccupante

Le rapport annuel de la Cour des comptes ne fait pas de cadeau à l'exécutif quant à sa gestion des finances publiques. Leur redressement, « déjà très graduel au cours des dernières années, est aujourd’hui quasiment à l’arrêt », constatent les sages de la rue Cambon. Pour ces derniers, l'ambition du gouvernement en matière d'assainissement des finances publiques est « limitée » tandis que leur état est jugé « préoccupant ». Cet effort minimal a pour conséquence une plus grande réduction des marges de manœuvre pour la politique actuellement menée par Edouard Philippe et Emmanuel Macron, « notamment en cas de récession ou d’autre choc majeur ». Le coronavirus fait peser un risque important sur l'économie mondiale et française.

La Cour des comptes relève que le choix du gouvernement a été d'accroître les mesures de baisse d'impôt, « en ne gageant celles-ci que très partiellement par des mesures d’économies ». L'exécutif a ouvert les vannes depuis la fin de l'année 2018, pour répondre aux exigences sur le pouvoir d'achat des « gilets jaunes ». À ces mesures d'urgence sociale s'est ajoutée une politique de réduction des prélèvements en 2020 : 5 milliards pour l'impôt sur le revenu, 3,7 milliards pour la taxe d'habitation, 2,7 milliards pour l'impôt sur les sociétés.

Baisse du déficit public

En ce qui concerne le déficit public qui sera ramené à 2,2% en 2020 (contre 3,1% l'année précédente), c'est une baisse en trompe l'œil comme le déplore les auteurs du rapport. Cette contraction du déficit public n'est que le contrecoup technique de la transformation du CICE : le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi s'est mué en baisse des charges pérenne, provoquant une hausse temporaire des déficits. Quant à la dette, elle s'établira cette année à 98,7% du PIB, seulement 0,1 point de moins qu'en 2019.

Dans sa réponse, le ministère de l'Économie convient qu'il y a eu un ajustement du rythme de rétablissement des finances publiques, afin d'améliorer le pouvoir d'achat dans le contexte des « gilets jaunes ». Bercy souligne néanmoins que les dépenses n'augmenteront en volume que de 0,7% en 2020, et qu'il partage la nécessité de « poursuivre la réduction des déficits ». Sans donner la recette de cette politique.